Stratégie de redressement organisationnel et financier de la coopérative des aviculteurs du Cap-Vert (AVICAP) Dakar - Sénégal

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Publication date
1992Author(s)
Fatimatou, Diop
Abstract
La conclusion de tous les rapports sur le mouvement coopératif sénégalais confirme un échec tant au point de vue de la gestion que du respect des principes coopératifs qui est la toile de fond de ce mouvement. Pourtant, lors de sa création, l'État voulait théoriquement permettre aux communautés rurales de s'émanciper et de contrôler tout le processus de mise en valeur de leur environnement par et pour elles-mêmes. L'intervention de l'État au début du mouvement coopératif était indispensable, mais devait disparaître progressivement, au fur et à mesure que les coopérateurs analphabètes acquerraient grâce à l'éducation, la maturité d'assumer l'autogestion de leur propre affaire. Mais cette tutelle étatique s'est plutôt maintenue pendant environ vingt-trois ans (de 1960 à 1983), période à laquelle les cultures commerciales et plus particulièrement la monoculture arachidière étaient fortement favorisées au détriment des cultures vivrières, ce qui a entraîné ainsi une modification des habitudes de vie et de consommation des ruraux suivie d'une accentuation du déficit vivrier. De ce fait on assiste à une déstructuration de l'économie rurale et l'éclatement de certaines composantes des structures traditionnelles. Outre ce déficit alimentaire qu'elle a provoqué, l’intervention de l'État a démotivé les coopérateurs en leur confisquant tous pouvoirs décisionnels, violant ainsi le principe de la gestion démocratique et autonome des coopératives. Le mouvement coopératif prend ainsi une tournure différente de celle escomptée : des coopératives sans coopérateurs, autrement dit sans esprit de coopération. De même, loin de favoriser le renforcement des finances publiques, l'intervention de l'État vidait plutôt le trésor public par le jeu des subventions, des exonérations, du non-remboursement des grains et des semences, etc. Mais, au fur et à mesure que les cours de l'arachide chutaient, la nécessité d'une relance économique sur des bases saines se faisait sentir et la simple logique commandait à l'État de prendre des mesures correctives en vue d'enrayer le déficit public consécutif à son intervention systématique. C'est ainsi que, dans sa nouvelle politique agricole, l'État préconisait un certain nombre de mesures à la tête desquelles se trouvait la responsabilisation des producteurs. Les coopératives devaient désormais assumer seules la gestion de leurs affaires. Ce désengagement réel et progressif de l'État posa des problèmes d'organisation et de gestion au sein des coopératives, menaçant par conséquent leur viabilité. C'est ce qui explique partiellement les difficultés que traverse à présent la coopérative des aviculteurs de la région du Cap-Vert (AVICAP). Malgré cette situation, l'AVICAP a des projets très ambitieux. Elle envisage de reconquérir sa place sur le marché national, voire l'accroître par la poursuite de ses objectifs initiaux où elle entrevoyait une éventuelle expansion et une modernisation de son équipement. Pour notre part, la réalisation de ces objectifs nécessite au préalable un redressement structurel. C'est dans cette perspective que s'inscrit notre recherche dont l'objet est l'élaboration d'une "stratégie de redressement organisationnel et financier de l'AVICAP". Mais auparavant, il convient de préciser ce qu'est le redressement : le redressement consiste à restructurer une entreprise en vue de lui permettre de reprendre son essor. Autrement dit, il s'agit, dans le cas qui nous concerne, de corriger la structure organisationnelle et financière de l'AVICAP dans le but de maintenir sa viabilité dans le secteur avicole et la rendre plus compétitive.
Collection
- IRECUS – Essais [189]