Les aires protégées transfrontalières : au-delà de la conservation de la biodiversité
Publication date
2013Author(s)
Montpetit, Sandrine
Abstract
L'érosion de la biodiversité et les menaces de plus en plus pesantes sur les écosystèmes de la planète sont des phénomènes actuels difficiles à nier. Au cours du dernier siècle, l'humanité a pris de plus en plus conscience de l'importance de conserver la nature et a développé différents outils pour y arriver dont, principalement, l'aire protégée. Cependant, les frontières politiques, ne tenant pas compte de la répartition des écosystèmes ou des espèces, constituent un obstacle au développement du plein potentiel de ce type d'outil. En effet, malgré les efforts constants de conservation, dont le développement d’un réseau d’aires protégées de par le monde, la biodiversité continue de s’effriter. Cette problématique, entraînant une prise de conscience des acteurs impliqués, incite à la mise en place d'outils complémentaires aux aires protégées qui ne peuvent évidemment pas, à elles seules, sauver la planète. Afin d'atteindre tous leurs objectifs de conservation, les aires protégées se doivent de défier ces barrières humaines pour s'arrimer le plus possible aux limites naturelles des écosystèmes. Ainsi, l'aire protégée transfrontalière (APTF), qui consiste en un outil de conservation non limité aux frontières et qui encourage la coopération entre les États, se révèle appropriée. L’objectif principal de cet essai cherche à évaluer si l'APTF peut répondre adéquatement aux limites des aires protégées tout en servant d’autres intérêts que ceux de la conservation, c’est-à-dire dans les domaines économique, politique, social ou culturel. Pour ce faire, l'origine de l'APTF est d’abord présentée pour faire suite à une description du concept d’aire protégée et de ses limites. L’APTF est décrite en s’appuyant sur sa réponse aux limites rencontrées par les aires protégées, en matière de conservation. Puis, par le survol des domaines différant de la conservation, plusieurs opportunités et défis des APTF sont évoqués. Ensuite, en exposant des exemples concrets, les APTF sont justifiées par leur capacité à prévenir les conflits, à favoriser le développement durable et à assurer la conservation de la nature. Finalement, une vision plus globale des APTF permet d'évaluer leur intérêt de mise en place, par un bilan général et une application de la théorie des jeux, tout en évoquant différentes perspectives d'avenir. Au terme de cet essai, il est possible d’affirmer que la mise en place d'APTF, bien qu'apportant son lot d'opportunités principalement en conservation et en coopération internationale, constitue un défi constant puisqu'elle fait face également à certaines contraintes. Notamment, il faut penser à bien intégrer les communautés culturelles, choisir efficacement son type de gouvernance, établir un cadre juridique stable et obtenir le financement nécessaire. Plusieurs exemples d'application à travers le monde ont démontré que les APTF demeurent justifiées et efficaces. D’une part elles favorisent le développement de réseaux écologiques et d’autre part elles encouragent différentes méthodes de conservation telles que la conservation par écorégion et l'approche écosystémique. Ainsi, en matière de conservation, l'APTF répond aux principales limites rencontrées par les aires protégées. De plus, par la théorie des jeux, il est possible de schématiser les bénéfices obtenus par chacun des acteurs impliqués lors de l'implantation d'une APTF. Finalement, puisque le concept d'APTF a fait ses preuves dans le passé et au présent, un bel avenir lui semble réservé tant en conservation qu'en géopolitique, en considérant qu'il sache bien s'adapter et surmonter ses propres défis.
Collection
- Sciences – Essais [105]