La restauration écologique comme outil pour répondre à la crise actuelle des coraux

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Publication date
2012Author(s)
Marcotte, Caroline
Abstract
Les récifs coralliens sont parmi les écosystèmes les plus diversifiés et les plus productifs de la planète. Cette riche diversité s’accompagne d’un grand nombre de services écologiques qui profitent aux sociétés humaines. De ce fait, les conséquences de la dégradation des récifs sont majeures, tant au plan écologique qu’aux plans socio-économique et culturel. Au cours des dernières décennies, l’impact de l’homme sur l’environnement s’est accru et le niveau de stress subi par les récifs surpasse les conditions dans lesquelles ils ont évolués jusqu’à maintenant. Ces écosystèmes sont aujourd’hui considérés parmi les plus menacés par l’homme. À l’heure actuelle, la résilience des récifs de coraux se fait de plus en plus précaire et leur déclin global se poursuit malgré les nombreux efforts de gestion et de conservation. À certains endroits, la dégradation est telle que les récifs ne sont plus en mesure de récupérer naturellement. La restauration écologique étant le processus d’aide au rétablissement d’un écosystème dégradé ou détruit, elle peut être considérée comme une solution face à la dégradation au-delà du seuil de résilience des récifs. Cet essai questionne la pertinence de la restauration écologique comme outil afin de répondre à la crise actuelle des récifs de coraux. Après avoir présenté les causes et les conséquences de la crise, les méthodes de restauration écologique des récifs coralliens, l’insuffisance des stratégies actuelles et l’importance de la gestion intégrée, cet essai montre en quoi la planification de la restauration écologique dans un contexte de gestion intégrée est une approche à considérer pour faire face à l’important déclin des récifs. Effectivement, dans certains récifs fortement dégradés, la restauration écologique peut représenter la seule option possible. Toutefois, la restauration récifale est une opération très coûteuse et les résultats sont incertains et variables. De plus, elle ne permet pas de remplacer complètement la perte d’un écosystème naturel sain et résiliant. En outre, la plupart des récifs restaurés restent dépendants des interventions humaines et nécessitent d’importants coûts d’entretien. La restauration ne devrait donc jamais être employée comme méthode de mitigation des impacts sur les récifs sains. À l’heure actuelle, c’est un outil nécessaire mais, s’il en est ainsi, c’est que le nombre et l’intensité des menaces qui pèsent sur les récifs sont considérables. Idéalement, les récifs devraient pouvoir récupérer naturellement et c’est plutôt en ce sens qu’il faut investir des efforts. Il est crucial de s’attarder aux diverses causes de la dégradation et de la perte de résilience dans les récifs. Ces causes peuvent être directes ou indirectes, d’où l’importance d’inclure la restauration dans un cadre de gestion intégrée. La prévention est de loin préférable à la restauration et il est inutile de considérer la restauration écologique si l’on ne règle pas d’abord la ou les sources de dégradation. Au-delà de ces considérations, la gestion des récifs passe préalablement par l’éducation, la sensibilisation et la participation de l’ensemble de la population mondiale, car la dégradation actuelle de ces écosystèmes est grandement liée au changement global. La restauration écologique est un outil parmi d’autres et bien qu’un éventail de mesures soit disponible pour répondre au déclin des récifs, aucune n’aura de chance de succès si elles ne sont pas appuyées par ceux qui sont responsables, de près ou de loin, de la crise actuelle des récifs coralliens.
Collection
- Sciences – Essais [106]