Le coût environnemental, écologique et social de l’éthanol brésilien

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Publication date
2011Author(s)
Emond, Gabriel
Abstract
En 1975, le gouvernement brésilien lançait le Proalcool, un vaste programme national visant à accroître la production et l’utilisation d’éthanol produit à partir de la canne à sucre. À l’origine, ce programme a été mis sur pied afin d’accroître la sécurité énergétique du Brésil en réponse au premier choc pétrolier. Incidemment, le Proalcool est devenu un modèle de succès économique et énergétique en matière de production de biocarburant. Plus récemment, les biocarburants ont été ciblés comme un moyen de lutter contre les changements climatiques. Ainsi, de nombreux pays en voie de développement désirent imiter le modèle brésilien en produisant à grande échelle l’éthanol de canne à sucre. L’étude approfondie de la situation brésilienne démontre toutefois que la viabilité économique de la filière brésilienne dépend en partie de pratiques culturales et industrielles insoutenables pour l’environnement, les écosystèmes et la société. Au fil du temps, l’industrie de la canne à sucre a bénéficié de l’appui et de la protection des politiciens et des lobbyistes ce qui, par conséquent, a créé un héritage de mépris envers les lois environnementales et sociales du pays. Les pratiques non durables et non équitables de l’industrie permettent à cette dernière de maintenir de faibles coûts de production d’environ 0,25 dollar américain (USD) le litre. Une évaluation économique sommaire permet d’estimer partiellement le coût environnemental, écologique et social de l’éthanol à environ 0,17 USD le litre. Le présent essai démontre aussi que l’utilisation et la production à grande échelle de biocarburants d’origine agricole comme moyen de lutte contre les changements climatiques ne semblent pas viables à long terme. Dans le modèle économique à succès du Brésil, les coûts environnementaux, écologiques et sociaux sont élevés, tandis qu’à l’échelle globale, les risques liés à la perte de biodiversité et à l’insécurité alimentaire sont considérables. Enfin, si le véritable objectif des politiques sur les biocarburants est la lutte contre les changements climatiques, les politiciens devraient à court terme concentrer leurs efforts sur l’efficacité énergétique ainsi que la conservation et la restauration des écosystèmes. À long terme, le développement de biocarburants produits à partir de ressources non vivrières pourrait faire partie de la solution.
Collection
- Sciences – Essais [106]