Impact de la gestion participative sur l’efficacité de conservation dans les parcs nationaux des pays sous-développés

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Publication date
2009Author(s)
Poisson, Julien
Abstract
Les parcs nationaux représentent la pierre angulaire de la conservation in situ de la biodiversité mondiale. Au fil du 20ième siècle, les pays sous-développés en ont implanté un grand nombre sur leur territoire afin de préserver la riche biodiversité qu'ils abritent. Le mode de gestion exclusif préconisé dans la majorité de ces parcs nationaux vise à repousser les différentes parties prenantes des ressources naturelles hors des limites du territoire protégé. Toutefois, ce mode de gestion devient rapidement contesté pour des raisons d'éthique et d'équité sociale envers les parties prenantes. De plus, le contexte socio-économique dans lequel est implantée la majorité des parcs nationaux mondiaux est marqué par une extrême pauvreté. Les communautés locales établies en zone tampon des parcs nationaux n'ont aucune alternative à l'agriculture, l'élevage et l'exploitation des ressources naturelles comme moyen de subsistance. D'autres parties prenantes telles que les compagnies privées et les gouvernements ont également des intérêts envers les ressources des parcs nationaux. L'effet cumulatif des pressions d'extraction des ressources et d'empiètement sur les limites des parcs nationaux par les différentes parties prenantes conduit inévitablement à l'inefficacité de conservation et conséquemment au déclin de la biodiversité mondiale. Les gestionnaires des parcs nationaux doivent donc trouver une approche de gestion qui puisse permettre conjointement une conservation efficace de la biodiversité et un développement économique des parties prenantes. La solution proposée la plus répandue est certainement le mode de gestion participative. Ce dernier vise à inclure les parties prenantes dans le processus de gestion des parcs nationaux à l'aide de quatre phases d'implantation soit la préparation du partenariat, la consultation et le renforcement des capacités, la négociation des plans et des accords ainsi que l'implantation et le suivi. Plusieurs raisons justifient l'implantation de la gestion participative dont les faibles performances du mode de la gestion exclusive, l'aspect d'éthique et d'équité sociale et la tendance mondiale à la décentralisation. Toutefois, les raisons liées à l'efficacité de conservation de la biodiversité demeurent très peu documentées. Cet essai détermine qualitativement l'impact du mode de gestion participative sur l'efficacité de conservation dans les parcs nationaux des pays sous-développés. Pour ce faire, neuf indicateurs d'efficacité de conservation ont été sélectionnés définissant quatre critères affectant le rendement de la conservation dans les parcs nationaux, soit le support local, le renforcement de la protection, le niveau d'information et l'efficacité de la gestion. Les résultats de l'analyse suggèrent qu'en théorie, c'est-à-dire lorsqu'il est implanté dans un contexte approprié avec les ressources nécessaires, le mode de gestion participative influence positivement chacun des quatre critères d'efficacité de conservation. Effectivement, il devrait permettre d'obtenir un support local favorable avec l'implantation de programmes d'éducation et de sensibilisation et de partages des bénéfices. Il devrait également permettre d'implanter un mécanisme de renforcement de la protection socialement acceptable et plus efficace. De plus, il peut augmenter le niveau d'information socio-économique et celui sur l'état de la biodiversité ce qui favorise une prise de décision plus éclairée sur les interventions de conservation. Finalement, il devrait améliorer l'efficacité de gestion en incluant les principaux acteurs sociaux et leurs structures organisationnelles dans l'institution des parcs nationaux. Ces impacts théoriques positifs sont toutefois nuancés par le côté pratique du mode de gestion participative. Effectivement, les manques d'expérience, de volonté politique et de ressources financières et techniques lors des phases d'implantation ont conduit à l'inefficacité de conservation dans certains parcs nationaux. Ces phases représentent la fondation de la gestion participative et chacune doit être adéquatement implantée pour pouvoir bénéficier des potentiels de conservation de ce mode de gestion. Les recommandations émises au dernier chapitre permettent de prévenir les risques d'échec de la gestion participative et de renforcir les points faibles des phases d'implantation. Toutefois, il faut considérer que ce mode de gestion est encore jeune et qu'il représente un apprentissage continu. Or, malgré les exigences élevées des phases d'implantation, le mode de gestion participative demeure la meilleure option de gestion pour atteindre l'efficacité de conservation dans les parcs nationaux des pays sous-développés.
Collection
- Sciences – Essais [106]