La vulnérabilité des puits de carbone océaniques par rapport à l'acidification des océans
Publication date
2013Author(s)
Poirier, Anne-Geneviève
Abstract
Depuis le début de l’ère industrielle, une quantité importante de gaz carbonique (CO2) a été libérée vers l’atmosphère, ce qui a augmenté considérablement la concentration atmosphérique de gaz à effet de serre. Ceci est dû principalement aux activités anthropiques qui émettent le plus de CO2, notamment la combustion du carbone fossilisé, la déforestation par le feu et la fabrication de ciment. Ce déséquilibre dans le cycle du carbone est responsable de l’amplification de l’effet de serre et des changements climatiques subis actuellement sur Terre. Une autre conséquence de l’augmentation de la concentration du CO2 atmosphérique est l’acidification des océans. Plusieurs éléments sont inconnus quant aux effets de l’abaissement du pH de l’eau de mer sur les écosystèmes marins, dont les écosystèmes et les processus permettant de stocker du carbone à court ou à long terme, nommés des puits de carbone bleu. Ces puits sont déjà soumis à de nombreuses menaces, et leur destruction pourrait grandement accélérer la libération de carbone vers l’atmosphère. L’instauration de mesures pour sauvegarder leur efficacité est donc impérative. Pour ce faire, une connaissance approfondie de l’impact de l’acidification sur les puits de carbone bleu aiderait assurément à faire un choix judicieux des mesures à mettre en place. Dans cette optique, le principal objectif de cet essai est d’identifier le ou les puits de carbone océaniques vulnérables à l’acidification des océans afin de prévoir des efforts de conservation et de restauration appropriés à chacun d’eux. Pour ce faire, il faut d’abord répertorier et décrire les systèmes et écosystèmes pouvant être définis en tant que puits de carbone bleu. Par la suite, il faut élaborer des critères d’analyse évaluant la vulnérabilité des puits de carbone bleu par rapport à l’acidification, puis effectuer cette analyse. Enfin, avec les résultats obtenus, il est possible de discuter de la priorité des puits à conserver ou à restaurer, de même que de différentes stratégies pour y arriver. Les stratégies qui ressortent de cette discussion sont la création d’aires marines protégées, la mise en place d’une gestion intégrée des écosystèmes en collaboration avec les populations locales, la création d’incitatifs ou de désincitatifs économiques, puis la création de politiques environnementales nationales. Un exemple d’incitatif économique est la création de crédits carbone pour le carbone séquestré par les puits de carbone bleu conservés ou restaurés. Cependant, avant qu’un pays puisse comptabiliser cette séquestration dans un bilan carbone national, il faudrait d’abord qu’il ait atteint sa cible de réduction d’émission de GES initial. De plus, un bon outil pour convaincre les gouvernements nationaux de prendre de telles mesures est de mettre de l’avant la valeur monétaire des écosystèmes et des services écologiques qu’ils fournissent. Les avantages économiques de mettre en place des mesures de protection par rapport aux coûts qu’ils occasionnent peuvent aussi être présentés à partir d’une analyse bénéfice-coût. Ainsi, peu importe la méthode sélectionnée, tous les puits de carbone bleu doivent être protégés, non seulement pour leur potentiel de séquestration du carbone, mais également pour leur biodiversité et tous les services écologiques qu’ils rendent aux populations humaines. Néanmoins, pour contrer entièrement les effets de l’acidification et les menaces climatiques subies par les écosystèmes marins, il importe d’intensifier les efforts de réduction d’émission de GES et de réduire la concentration atmosphérique du CO2. Ceci s’applique en particulier pour réussir à protéger l’intégrité du processus de la pompe biologique, un des puits de carbone bleu les plus importants en terme de quantité de carbone séquestré, mais aussi un des plus vulnérables à l’acidification. Enfin, les objectifs poursuivis dans cet essai ont pu être atteints, avec certaines réserves. En effet, plusieurs données sont toujours manquantes par rapport aux caractéristiques de certains puits de carbone océaniques, de même que par rapport aux effets de l’acidification des océans sur puits de carbone et sur la biodiversité en général. Cette analyse a donc permis de mettre en lumière le besoin d’effectuer plus d’études sur ces thèmes, mais également le besoin urgent de préserver les puits de carbone bleu existants et de maintenir les efforts de réduction d’émission de GES à l’atmosphère.
Collection
- CUFE – Essais [1345]