Problématique écotoxicologique actualisée des fluorures dans les eaux municipales
Publication date
2012Author(s)
Beaudoin, Brigitte
Subject
FluoruresAbstract
La fluoration de l’eau potable fut introduite pour la première fois aux États-Unis en 1945 afin de prévenir la carie dentaire et fut ensuite rapidement instaurée à plus grande échelle. Aujourd’hui, une majorité d’Américains ont accès à une eau potable fluorée et la situation est similaire au Canada anglais. Au Québec, durant les années 80, par souci de prévention au niveau de l’innocuité pour la santé, les autorités ont instauré un moratoire sur la fluoration de l’eau potable pour éviter d’exposer la population à de trop grandes quantités de fluorures. Il en résulte que seulement trois pour cent des Québécois sont desservis par une eau fluorée. Un débat entre les militants favorables et défavorables existe depuis l’introduction de la fluoration. Il persiste à ce jour à cause de nouvelles données scientifiques suggérant la possibilité d’effets néfastes des fluorures sur la santé. L’objectif principal du présent ouvrage est d’expliciter la problématique écotoxicologique actualisée des fluorures dans les eaux municipales et quelques pistes de solutions. La toxicocinétique et la toxicodynamique des fluorures sont décrites. Lorsqu’ils sont absorbés en trop grande quantité, les fluorures peuvent avoir des effets néfastes sur la santé. Les individus peuvent alors développer une fluorose dentaire, une fluorose osseuse et d’autres maladies (ostéosarcome, problèmes de thyroïde et (ou) de reins, diminution de la tolérance au glucose, affectations cérébrales, altération du métabolisme aérobie de l’ATP, cancer, etc.). Une revue de l’historique de la fluoration des eaux potables et de l’exposition globale aux fluorures ainsi qu’une clarification des faits entourant la carie dentaire ont permis de réaliser que la situation d’aujourd’hui diffère grandement de celle de l’époque où la fluoration a été introduite. Une variété de mesures de prévention de la carie dentaire existe maintenant, à savoir des dentifrices fluorés, des rince-bouches fluorés, des applications de scellants et de vernis, des traitements aux gels et mousses fluorés, etc. L’exposition des populations aux fluorures s’est aussi grandement accrue (alimentation, air, boissons, produits d’hygiène dentaire, etc.). Des études ont également montré que la prévalence de la carie dentaire serait fortement corrélée avec le niveau de consommation de sucres, quels que soient les niveaux d’exposition aux fluorures par voies topiques ou systémiques. En tenant compte de toutes ces informations, il est difficile de déterminer, à ce jour, lequel des risques est le plus sérieux pour la population : l’augmentation de la prévalence de la carie dentaire ou les conséquences reliées à une surexposition aux fluorures. Au Québec, l’INSPQ a indiqué vouloir atteindre un niveau de population québécoise desservie par la fluoration de 50 %, de 2005 à 2012. Évidemment, malgré le fait que seules 12 usines de filtration québécoises effectuent actuellement la fluoration de leur eau potable, cet objectif ambitieux fait renaître le débat. Depuis le début du conflit, la stratégie des groupes de militants, de part et d’autre du débat, a été de trouver des études scientifiques décrédibilisant la position du clan opposé et de tenter de ternir la réputation des chercheurs associés. Cette façon de faire a donné lieu à un débat stérile. Pour remédier à ce problème, une démarche de développement durable est proposée dans le présent essai. Elle s’articule à l’intérieur d’une stratégie en boucle fermée (lancement, diagnostic, planification, réalisation, évaluation, amélioration) qui prend en compte les trois sphères du développement durable (social, environnemental et économique). Le but de cette stratégie est de permettre la résolution du conflit dans un esprit de conciliation en tenant compte de l’évolution rapide de la science à ce sujet. Une analyse des aspects d’écotoxicologie et de santé environnementale de la fluoration des eaux municipales est faite et permet de formuler des pistes de solutions. Toutefois, ces dernières ne sont que des suggestions, car la vraie démarche ne peut être appliquée que par les intervenants dans le débat.
Collection
- CUFE – Essais [1345]