Solos (roman) ; suivi de, Le personnage fantôme et les enjeux de la narration (essai)

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Date de publication
2006Auteur(s)
Simpson, Danièle
Résumé
Cette thèse est composée d'un volet création et d'un volet analyse. Le volet création comprend un roman intitulé Solos, qui met en scène trois personnages principaux dont l'un est décédé et hante, sans qu'ils s'en doutent, les deux personnages vivants. La quête de ce personnage fantôme, une femme, est double: clarifier des aspects de sa vie qu'elle avait mis en veilleuse par peur, et acquérir, par une connaissance approfondie d'elle-même, une lucidité qui lui permette de choisir entre une mort définitive et le retour à la vie. Elle narre sa propre histoire au"je", mais, à cause des pouvoirs surnaturels dont jouit le personnage, le narrateur accède à une sorte d'omniscience. Du côté des vivants, c'est un narrateur anonyme qui prend le récit en charge, mettant ainsi en relief l'hétérogénéité des deux mondes et la cloison qui les sépare. Si l'histoire de ces vivants intéresse tant la morte, c'est que l'un d'eux est un ancien amant avec lequel elle a entretenu une relation ambiguë, et l'autre, la femme qui l'a remplacée dans sa vie. L'évolution de leur amour l'obligera à atteindre une certaine vérité à l'égard d'elle-même et ses intrusions dans l'intimité de leurs pensées l'amèneront à se questionner comme elle n'avait jamais imaginé le faire. La création de ce narrateur-personnage fantôme a déterminé l'orientation du volet analyse. Ce type de narrateur étant peu fréquent à l'intérieur d'un roman majoritairement réaliste, il a également été peu étudié. Il paraissait donc pertinent de le faire dans le cadre d'une thèse de doctorat. Comme les particularités de la voix narrative interne dans Solos me paraissaient indissociables de l'état de fantôme du narrateur-personnage, je me suis demandé quel impact aurait sur les instances narratives la présence de personnages semblables dans d'autres romans. J'ai donc choisi les oeuvres suivantes: Le Cocher, de Selma Lagerlöf, La Vie interdite, de Didier van Cauwelaert, et Les Fous de Bassan, d'Anne Hébert, parce que chacune intégrait le personnage du fantôme de manière différente et, qui plus est, d'une façon qui ne ressemblait qu'en partie au procédé que j'avais moi-même employé. L'analyse de ces romans a porté sur la voix, le temps et le mode, et s'est fondée sur les essais narratologiques de Gérard Genette ( Figures III ), de Gabrielle Gourdeau ( Analyse du discours narratif ) et de Mieke Bal ( Narratologie ). La diversité dans l'organisation de ces récits qui poursuivaient par ailleurs des objectifs semblables, c'est-à-dire la mise en scène d'un fantôme et de l'au-delà, a mis en évidence l'apport du traitement des instances narratives au sens du texte, qu'il l'appuie ou qu'il en révèle un aspect caché. Gardant en tête les conclusions auxquelles j'étais parvenue, j'ai effectué un retour critique sur le roman que j'avais écrit en tentant de formuler ce qui avait d'abord fait l'objet d'une démarche intuitive. J'ai bouclé ainsi la boucle d'un travail de recherche où j'avais constamment puisé à deux sources: celle de la réflexion logique et rigoureuse, et celle de la création imprévisible et ludique.