Prendre sa place dans l'espace public les femmes du peuple en milieu urbain, France, XVIIIe siècle

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Publication date
2007Author(s)
Mongeau, Josée
Abstract
Basé sur un éventail de sources de nature diverse, ce mémoire de maîtrise vise à démontrer comment les femmes du peuple vivant en milieu urbain au XVIIIe siècle en France, prennent leur place dans l'espace public, comment elles s'insèrent dans la société, quels droits elles s'octroient, comment elles louvoient pour contourner les règles à leurs avantages. Sous l'Ancien Régime, les femmes vivent presque toute leur vie sous l'autorité masculine, passant de la tutelle paternelle à l'autorité maritale. Elles ne peuvent passer aucun acte juridique ou de nature financière sans l'autorisation de leur tuteur, père ou mari. Seules les célibataires majeures et les veuves jouissent de leurs droits juridiques, mais la précarité de leur situation rend souvent leur vie difficile. Qu'elles soient sous tutelle ou sans homme , les femmes du peuple travaillent pour aider à subvenir aux besoins familiaux. Par leur travail, mais aussi pour effectuer leurs tâches domestiques, elles sont très présentes sur la place publique. En raison de la pauvreté, des conditions économiques difficiles et de l'exiguïté des logements, le peuple vit dans la rue, sur la place publique, au vu et au su de tous. La sphère privée est donc pratiquement inexistante. En conséquence, les femmes ne sont pas tenues à l'écart de ce qui se passe dans la communauté, elles y vivent les solidarités et les inimitiés de la rue, du quartier. Comme tous les gens du peuple, leur sociabilité est conflictuelle; la violence, surtout verbale de la part des femmes, est quotidienne. Quand survient une hausse du prix des denrées, une augmentation des impôts ou un événement qui influe sur leur vie, elles s'insurgent et n'hésitent pas à entrer en révolte ouverte contre les autorités. Malgré des lois qui mettent les femmes mariées sous l'autorité de leur mari, il est légitime de se demander comment, par leur travail, leurs réclamations et leurs récriminations, elles ont pu prendre leur place, gagner une certaine forme de latitude et d'aires de décision et, ainsi, attester de leur existence.