Lyon sous la révolution selon l'abbé Guillon de Montléon l'identité de la "Ville-Martyre

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Publication date
2006Author(s)
Doï, Midori
Abstract
En 1793, la ville de Lyon s'est révoltée contre les Jacobins, a fait ensuite la guerre avec l'armée conventionnelle, et finalement, a subi la répression. Aimé Guillon de Montléon est un prêtre réfractaire lyonnais de cette époque. Il a laissé plusieurs récits sur l'événement, qui sont connus comme sources classiques rapportant le déroulement politique et militaire de la Révolution à Lyon. De plus, ces récits de Guillon de Montléon ont été désignés récemment comme étant des ouvrages qui ont beaucoup influencé la mémoire collective lyonnaise, notamment par l'implantation de l'image de Lyon-ville-martyre. Selon cette interprétation, Guillon de Montléon marquerait le début de l'historiographie contre-révolutionnaire de la Révolution à Lyon. Cependant, l'image malheureuse de la ville-martyre est-elle la seule image laissée par Guillon de Montléon? Pour parler de la ville-martyre, Guillon de Montléon décrit minutieusement comment était la ville qu'on a détruite. Or, ici précisément, peut-on lire, dans ces descriptions, les éléments de la spécificité lyonnaise qui ne soit pas nécessairement en rapport avec une martyrologie? Ce qui démontrerait la valeur de ces récits en tant que fondateur du discours identitaire de Lyon. Selon Guillon de Montléon, Lyon était de tout temps une ville privilégiée sur le plan politique et économique. Sur le plan physique, l'espace lyonnais était beau, en expansion, bien aménagé avec art et technique. Quant à la société lyonnaise, elle montrait un équilibre entre les différentes classes sociales qui étaient liées les unes aux autres, et elle offrait ainsi une vie urbaine paisible et communautaire. Cette ville était habitée par une population honnête, sage et courageuse, et très attachée à sa patrie. Ces descriptions de la ville, qui reflètent le patriotisme lyonnais de l'auteur, donnent aux lecteurs des images fort positives de Lyon. Y sont en effet promues toutes les qualités distinctives que cette cité possédait avant la Révolution, à l'époque où celle-ci était encore en pleine prospérité. La stratégie narrative utilisée par Guillon de Montléon, qui oppose de manière contrastée le"beau" de l'avant au"laid" de l'après-Révolution, souligne encore plus s'il en est la valeur inestimable de ces qualités lyonnaises. Par un tel discours, édité juste après la Révolution, on perçoit bien que la volonté de Guillon de Montléon est d'écrire pour instruire la postérité. Si l'on parle de l'influence de ses ouvrages sur la mémoire collective lyonnaise, il s'avère ainsi primordial de relever, comme nous l'avons fait, l'affirmation d'une"identité lyonnaise" positive qui s'exprime au-delà de la martyrologie.