Dans les coulisses de la séduction les divertissements à la foire Saint-Germain-des-Prés, Paris, 18e siècle

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Publication date
2005Author(s)
Laporte, Véronique
Abstract
La foire est une grande opération de séduction. Toutefois, pour que la magie opère et que la foire soit mise en scène, les différents acteurs impliqués dans son déroulement (promeneur, marchand, propriétaire, policier) doivent faire des compromis. L'utilisation de sources littéraires, administratives et policières permet de vérifier dans quelle mesure la présence de divertissements à la foire Saint-Germain de Paris au 18 e siècle était une source de tensions et de négociation entre les différents protagonistes. Les divertissements font, en effet, partie intégrante du paysage forain et du processus de séduction, mais ils peuvent également occasionner des désagréments. Ainsi, pour la sauvegarde de l'équilibre entre le maintien du caractère festif de la foire et la préservation de l'ordre public, les divertissements sont autant redoutables que désirés, à la fois sources de concessions et de résistances. Après avoir procédé à une présentation de la foire étudiée, il sera question des différentes stratégies auxquelles ont recours les propriétaires et les commerçants pour charmer le badaud, que ce soit l'attention portée à la gestion de l'espace ou les initiatives assurant la présence de divertissements. Cependant, le magnétisme exercé par la foire comporte aussi des aspects inquiétants pour les autorités policières. Les attroupements représentent une menace pour l'ordre public, ils favorisent les voleurs à la tire et attirent les prostituées. De plus, à cause de spectateurs et de comédiens souvent turbulents, les représentations théâtrales constituent elles-mêmes une importance source de désordre. Néanmoins, les autorités policières tolèrent les divertissements, car elles y trouvent une source de compensation suffisante. En effet, le droit des pauvres payé par les entrepreneurs constitue une source de revenus pour la régulation sociale.