Mano a Mano effets de voix dans le roman moderne. Suivi de, Il faut bien commencer quelque part (extrait)

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Publication date
2003Author(s)
Martel, Jean-Philippe
Abstract
En publiant les résultats de ses recherches sur l'oeuvre de Dostoïevski, Bakhtine a jeté un éclairage nouveau sur le roman moderne. En effet, le concept de plurivocalisme qu'il a alors introduit dans l'appareil théorique littéraire permet d'établir des rapprochements importants entre la forme et le contenu d'un texte, qui supposent d'étroites relations entre la langue et l'identité. L'étude qui suit s'inscrit dans cette perspective. Au delà d'une réflexion sur le travail de création, elle veut isoler un moment et un lieu précis de l'histoire littéraire--l'entre-deuxguerres français--comme point névralgique à partir duquel la production romanesque française se polarise radicalement. Voyage au bout de la nuit constitue une illustration dramatique de la tangente"moderne" de cette polarisation, et soulève un certain nombre de questions sur l'identité trouble. Dans ce roman, nous examinons ainsi la multiplication des points de vue, la libération de la voix en tant que conscience à part entière et l'apparition de modes d'expression de plus en plus personnels et affranchis des contraintes académiques (comme l'oralité), soient les pendants formels d'une profonde mutation des mécanismes de la formation identitaire. Aussi, et quoique toujours mal assurée, la conscience qui émerge peu à peu de cette crise trouve de nouveaux points d'appui sur les sentiments de peur et de dégoût pour définir par la négative les limites de son identité à venir. Enfin, la partie création de ce mémoire est tout imprégnée de ces notions et privilégie la vision trouble d'un sujet à la représentation"objective" des événements. Il s'agit de la première moitié d'un roman qui se déroule sur toute une année scolaire et qui veut montrer l'évolution de la pensée d'un enfant amené à composer avec des données qui lui échappent.