Du théoricien au praticien Staline et la question nationale, le cas de la Géorgie

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Publication date
1998Author(s)
Bélanger, Karl
Abstract
Contrairement à ses prédécesseurs marxistes, Staline dut, d'une façon concrète et pratique, réconcilier le concept de reconnaissance des particularités nationales avec celui du développement de l'internationalisme prolétarien. Pour concilier la théorie à sa pratique du pouvoir, Staline légitima ses actions à l'aide des principes marxistes, principes qui furent ajustés en fonction de l'évolution contextuelle de l'URSS. À travers le cas de la Géorgie, nous verrons que l'attitude de Staline a contribué à la fois : à maintenir le fait national tout en promouvant les valeurs multinationales; et à gérer et réprimer les contradictions de type nationaliste tout en posant les conditions de leur survie, de leur exacerbation et de leur choc éventuel. L'exemple de la Géorgie illustre comment Staline, par des moyens violents, a tenté d'imposer les nouvelles valeurs multinationales (création de l'homo sovieticus) tout en maintenant le fait national (reconnaissance et représentation politique). La répression n'a pu suffire à éliminer les contradictions de type nationaliste en Géorgie, contribuant même à les renforcer, particulièrement entre les Russes et les nationaux d'une part, et entre les Géorgiens et les minorités nationales en Géorgie d'autre part. Le maintien du fait national --malgré les répressions-- fut particulièrement évident lors des manifestations de 1956 qui démontrèrent l'attachement des Géorgiens à leurs héros nationaux, notamment à Staline.