| dc.description.abstract | L’incertitude et les probabilités sont omniprésentes dans la vie de tous les jours et il est essentiel pour les personnes citoyennes de développer des stratégies de prise de décisions éclairées au regard de situations incertaines. Plusieurs systèmes d’éducation ont reconnu cette nécessité et ont conséquemment inclus l’enseignement-apprentissage des probabilités dans leurs programmes scolaires, comme c’est le cas au Québec. Parmi les trois approches qui permettent d’aborder les probabilités, l’approche subjective présente un potentiel pour le développement du raisonnement probabiliste des enfants. De ce constat découlent néanmoins des questions quant à l’intégration de cette approche dans l’enseignement des probabilités au primaire, alors qu’elle est peu présente à la fois dans les documents ministériels, dans les ressources didactiques et dans les pratiques déclarées de personnes enseignantes québécoises. Or, les pratiques d’enseignement sont en partie influencées par les connaissances des personnes enseignantes, et des études ont souligné le manque de connaissances liées à l’approche subjective de futures personnes enseignantes. Ces connaissances y sont cependant étudiées de manière déficitaire et décontextualisée, ce qui appelle à la nécessité d’éclairer des connaissances mobilisées par des personnes enseignantes en contexte réel. Dans ce contexte, notre mémoire se penche sur la question de recherche suivante : Quelles connaissances sont mobilisées par des personnes enseignantes du primaire lors de l’intégration de l’approche subjective dans leur enseignement des probabilités? Afin de tenter de répondre à cette question, nous clarifions d’abord le concept d’approche subjective, par un regard sur ses fondements théoriques et sur son opérationnalisation dans des travaux en didactique des mathématiques. Après avoir aussi apporté un éclairage sur un double flou (terminologique et épistémologique) qui se dégage des écrits consultés, nous présentons notre conceptualisation de l’approche subjective. Puis, nous précisons le concept de connaissances mobilisées dans l’enseignement des mathématiques, en précisant la nature et les manifestations possibles de ces connaissances. En prenant appui sur ces assises conceptuelles et théoriques, l’objectif de notre recherche est d’identifier et de décrire les connaissances mobilisées en contexte réel par des personnes enseignantes du primaire lors de l’intégration de l’approche subjective dans leur enseignement des probabilités. Pour opérationnaliser cet objectif, nous avons mis sur pied une recherche collaborative, dans laquelle nous avons collaboré avec Blanche et Isabelle , deux enseignantes du 3e cycle du primaire. La collecte de données a été organisée autour de trois actes professionnels clés de l’activité enseignante : la planification d’une tâche d’enseignement-apprentissage, son pilotage en classe et un retour réflexif sur la tâche et son pilotage. Les données issues des transcriptions des enregistrements audios et vidéos de ces trois actes ont été abordées sous l’angle d’une analyse semi-émergente qui a permis à la fois de restituer les discours des enseignantes et de les analyser à la lumière des connaissances qu’elles ont mobilisées pendant les trois actes. Les résultats de notre recherche prennent donc la forme d’un récit en trois actes de notre collaboration, desquels découlent dix-sept moments pendant lesquels les enseignantes ont mobilisé des connaissances que nous interprétons à la lumière de l’objectif de recherche. Ce récit nous permet aussi de mettre en lumière des connaissances qu’elles ont développées durant ces trois actes, développement qui découle vraisemblablement en partie du caractère collaboratif du processus de recherche dans lequel elles se sont engagées. Puis, nous apportons un éclairage sur des connaissances qui nous semblent encore à développer, tant pour la pratique que pour la recherche. Ces dernières nous permettent alors à la fois de réfléchir à des défis qui pourraient venir avec l’intégration de l’approche subjective dans l’enseignement, d’informer la formation des personnes enseignantes et d’ouvrir sur de nouvelles pistes de recherche. De plus, à la lumière de réflexions issues de l’analyse des résultats, nous raffinons notre conceptualisation de l’approche subjective et de son opérationnalisation en classe et nous avançons notre réflexion autour de la distinction et de l’articulation des trois approches probabilistes. Soulignons les principales contributions de notre recherche. D’abord, nous avons offert un éclairage, dans une perspective de potentialité, sur des connaissances liées à l’approche subjective que deux enseignantes ont mobilisées et développées dans leur contexte réel d’enseignement des probabilités. Ensuite, nous croyons que notre conceptualisation de l’approche subjective, dans laquelle sont mis en évidence neuf éléments-clés relatifs à sa définition et à son opérationnalisation en classe, apporte une contribution au champ de la didactique des probabilités. Enfin, Blanche et Isabelle ont elles-mêmes souligné l’apport positif sur leur développement professionnel de leur engagement dans notre processus de recherche. Parallèlement, il importe d’apporter un éclairage sur les principales limites de notre processus de recherche. Nous reconnaissons entre autres que notre collecte des données a été réalisée sur une courte durée qui peut sembler limitée, en considérant que la recherche collaborative implique habituellement un processus inscrit dans le long terme. Nous convenons aussi que les voix des enseignantes avec qui nous avons collaboré sont présentes de manières inégales à travers les différentes étapes de notre démarche. | fr |
