Primigeste souffrant d'anxiété et d'inquiétudes excessives : efficacité d'une intervention cognitive comportementale

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Publication date
2022Author(s)
Chabot, Karen
Subject
AnxiétéAbstract
Une première grossesse relève de l’expérience initiatique. Empreinte de sacré et transformatrice, elle marque une étape charnière de la vie d’une femme. Tant le vécu de la grossesse que la perspective de l'accouchement et la naissance de l’enfant constituent des événements indéniablement ponctués de questionnements, de doutes, d’incertitude et de bouleversements divers. La grossesse est un événement subjectif entraînant des réactions susceptibles d'affecter le système familial (mère-père-enfant) autant que la (future) mère elle-même. L’anxiété anténatale est un facteur prédictif de la dépression postnatale (Heron et al., 2004; Lee et al., 2007) et pourtant, l’étude de son traitement reste négligée. Parmi les troubles anxieux anténataux, le plus prévalent est le Trouble d’anxiété généralisée (TAG) (1%-26%, Jha et al., 2018). La grossesse est une période de grande vulnérabilité émotionnelle (Gerardin, 2012; Goodman et al., 2014) et elle est liée au déclenchement ou à l’aggravation de psychopathologies (Dayan, 2007). Elle représente une « période critique » à privilégier pour le traitement psychothérapeutique à visée curative. L’étude mesura l’efficacité d’un nouveau protocole pour traiter l'anxiété et les inquiétudes excessives en période anténatale. Ce dernier combina des interventions qui furent tirées de la Thérapie cognitive comportementale (TCC) traditionnelle à d'autres, tirées de la 3e vague des TCC [Thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), pleine conscience]. Il fut offert en individuel par visioconférence. À notre connaissance, l’étude innove en ciblant ce type de travail psychothérapeutique sur un échantillon exclusif de primigestes, c’est-à-dire de femmes enceintes pour la première fois. Ainsi, quatre primigestes (P1 à P4) se virent offrir six séances de 90 minutes. Un devis expérimental à cas unique avec niveaux de base multiples fut utilisé. L’évaluation des effets possibles s’opéra en trois phases : prétraitement (niveau de base-T1), traitement (T2) et suivi à 3 mois posttraitement (T3). Trois batteries de questionnaires furent autoadministrés pour évaluer les inquiétudes excessives et autres symptômes anxieux liés au TAG, la variable cognitive (intolérance à l’incertitude) et celles comportementales (flexibilité psychologique, pleine conscience) ciblées par le traitement, en plus de la variable complémentaire liée à l’effet du traitement (dépression). Les variables dépendantes principales (Anxiété et Tendance à s’inquiéter) furent évaluées à l’aide d’une mesure continue (Carnet d’auto-observations) que les participantes durent remplir quotidiennement et pour des durées prescrites. Quatre hypothèses furent formulées. La première stipula que le traitement (H1) diminuerait les inquiétudes excessives et autres symptômes anxieux liés au TAG. L’hypothèse 2 (H2) stipula que le traitement diminuerait l’intolérance à l’incertitude et augmenterait la capacité de pleine conscience et la flexibilité psychologique. À son tour, l’hypothèse 3 (H3) stipula que les gains acquis à T2 seraient maintenus jusqu’à T3. Enfin, l’hypothèse 4 (H4) stipula que le traitement serait associé à un taux d’adhésion thérapeutique élevé. Les résultats de l’étude vinrent appuyer l’efficacité du traitement dans la diminution des inquiétudes excessives et autres symptômes anxieux liés au TAG chez les primigestes, ce qui confirma l’hypothèse H1. Les diagnostics de TAG cliniques identifiés à T1 (N = 4) se résorbèrent à T2 et ceci fut maintenu à T3. Le travail sur les variables comportementales, tirées de la 3e vagues des TCC, fut associé à des résultats moins concluants. Il est possible qu’un travail plus long sur ces facteurs soit nécessaire ou que plus de temps soit requis après l’intervention pour observer des changements sur ces derniers. Le travail sur la variable cognitive fut associé à des améliorations sur le plan de l’intolérance à l’incertitude. Ceci vint donc partiellement confirmer l’hypothèse H2. L’évaluation de la progression globale révéla à T2, une évolution d’amplitude modérée pour P1 et P2 et une évolution de grande amplitude pour P3 et P4. À T3, toutes les participantes affichèrent une évolution d’amplitude modérée. Ces résultats reflètent les effets positifs du traitement sur le fonctionnement global des primigestes. La considération sommaire des résultats aux diverses mesures permit de confirmer partiellement l’hypothèse H3 sur le maintien des gains. Enfin, l’hypothèse H4 fut confirmée compte tenu de l’évaluation de l’adhérence thérapeutique située à 100 %.
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