La contextualisation scientifique dans la formation des personnes enseignantes : résultats d’une analyse systématique de publications scientifiques anglophones

Abstract

La contextualisation est une approche qui s’avère particulièrement importante en éducation, parce qu’elle est reconnue pour rehausser la motivation et l’intérêt des élèves, mais également pour favoriser de meilleurs apprentissages en sciences. La contextualisation permet aux personnes apprenantes de construire du sens en reliant les apprentissages aux aspects pertinents de la vie et de répondre ainsi à la fameuse question : pourquoi on apprend ça ? Depuis les années 1960, les réformes des programmes d’enseignement se sont tournées vers une vision globale de la science et de la technologie afin de favoriser davantage l’esprit scientifique et une plus grande participation du public aux questions scientifiques. Cette volonté d’éclairer les problématiques sociales à l’aide des sciences nécessite que les personnes apprenantes aient une compréhension éclairée de l’incidence des sciences sur la société. Les approches de la contextualisation sont donc présentes dans de nombreux programmes d’éducation scientifique à travers le monde, mais ne mentionnent pas comment mettre en œuvre la contextualisation. Ce manque de précision laisse les personnes enseignantes avec la charge de faire des liens, souvent difficiles à établir pour celles-ci, entre les contenus scientifiques et les contextes d’apprentissage. Bien que quelques modèles présentent des propositions de conceptualisation de la contextualisation, les résultats des études apportent un certain éclairage, mais il n’existe pas, à l’heure actuelle, de cadre conceptuel clair de la contextualisation dans les écrits en didactique des sciences et dans les programmes. De multiples termes sont utilisés de manière interchangeable pour référer à la contextualisation et il existe un manque quant à l’opérationnalisation de ce concept.

Ce mémoire propose une revue systématique descriptive et qualitative des écrits scientifiques portant sur la formation des personnes enseignantes en sciences au primaire et au secondaire. Une grille d’analyse a permis de répondre aux quatre objectifs suivants : a) faire état des définitions présentes dans la littérature scientifique et des justifications concernant l’utilisation de la contextualisation des apprentissages en science dans la formation des personnes enseignantes; b) faire état des différentes méthodologies employées dans la littérature scientifique pour étudier la contextualisation des apprentissages en sciences dans la formation des personnes enseignantes; c) décrire les modalités d’intervention employées par les personnes chercheuses et les personnes enseignantes dans la littérature scientifique pour mettre en œuvre la contextualisation des apprentissages en sciences dans la formation des personnes enseignantes; d) relever les principales limites et les recommandations dans la littérature scientifique quant à la contextualisation des apprentissages en sciences dans la formation des personnes enseignantes. Les choix méthodologiques incluant les critères d’inclusion et d’exclusion ont permis d’obtenir un échantillon de 17 articles, constitué de publications évaluées par les pairs dans des bases de données systématiques spécialisées en éducation (ERIC). Les résultats obtenus ont permis d’établir que la contextualisation est en fait un parapluie sémantique sous lequel plusieurs approches sont regroupées. Les deux approches les plus représentées, dans les résultats de cette étude, sont l’approche du curriculum en contexte et les pratiques authentiques. Les différentes approches de la contextualisation, bien qu’elles relient toutes le contenu scientifique à des conditions contextuelles, telles que les valeurs et les caractéristiques culturelles des personnes apprenantes, sont toutes sensibles aux expériences vécues par les personnes apprenantes. Les résultats pointent vers une majorité de publications qui comportent un échantillon de personnes enseignantes ayant entre 14 et 20 ans d’expérience d’enseignement. La majorité de ces publications utilisent également une méthodologie qualitative. On note également que les résultats concernant les modalités d’intervention corroborent la prémisse selon laquelle les croyances enracinées dans les souvenirs d’enfance en plein air pourraient expliquer pourquoi certaines personnes enseignantes sont plus disposées, de par leurs expériences de vie et leurs croyances personnelles, à enseigner les sciences en plein air (Eick, 2012). Les principales limites rapportées chez les futures personnes enseignantes sont un manque de connaissances scientifiques, la présence de nombreuses conceptions erronées et de connaissances pratiques, comme les outils et les pratiques d’enseignement efficaces. Les résultats soulignent aussi une insécurité face à certaines tâches contextualisées ainsi qu’une résistance aux changements. Les principales recommandations issues de l’analyse des articles visent à permettre aux personnes enseignantes et aux futures personnes enseignantes de vivre et de créer des activités pratiques contextualisées, que ce soit pour élargir leurs répertoires, ou encore pour mieux soutenir l'intégration du contenu par les enseignants.