L'évaluation des systèmes d'assurance qualité en enseignement collégial : de la reddition de comptes vers l'amélioration continue

Abstract

En Europe, le processus de Bologne a été enclenché par les états européens signataires où l’un des objectifs était la promotion de la coopération européenne en matière d’évaluation de la qualité (Fave-Bonnet, 2007). Cette orientation a mené à des réactions critiques touchant la marchandisation du savoir, la promotion des programmes les plus lucratifs et des palmarès entre les établissements (DiCroce, 2013; Martin et al., 2007; Martin et Ouellet, 2013; Tremblay, 2015). Au Québec, depuis 2014, la Commission d’évaluation de l’enseignement collégial a entamé une opération intitulée « Évaluation de l’efficacité des systèmes d’assurance qualité des collèges québécois » (CÉEC, 2014). Cette nouvelle opération concerne la politique d’évaluation des programmes, la politique d’évaluation des apprentissages, le plan de réussite et le plan stratégique. Cette opération a aussi mené à des critiques de la part des cégeps qui ont porté sur la complexité, la lourdeur, la surabondance des critères ainsi que le flou important entourant le niveau de profondeur de l’analyse (Fédération des cégeps, 2015). Par ailleurs, la Commission a noté, depuis le début de cette opération, que certains établissements procèdent au suivi de la mise en œuvre de leurs moyens plutôt qu’au suivi des résultats obtenus en fonction des résultats attendus, et ce, autant pour les plans stratégiques que pour les plans de réussite (CÉEC, 2019a). La première phase de cet essai (projet I) se traduit par un projet exploratoire où nous avons identifié les principaux défis rencontrés par les cégeps au regard de la nouvelle opération menée par la Commission. Les défis identifiés relevaient d’aspects conceptuels, conjoncturels et structurels. La deuxième phase de cet essai (projet II) s’est traduite par un projet d’intervention où nous nous sommes attardés à l’un des défis rencontrés par les cégeps, soit de préciser les résultats attendus de manière à pouvoir mesurer l’atteinte de leurs objectifs et d’être apte à en témoigner. À titre de chercheur-praticien, mais aussi de directeur général dans l’établissement où s’est réalisé ce projet, nous avons accompagné les gestionnaires dans la mise en place de ce guide. Bien que les origines de la mise en place de mécanismes relatifs à l’assurance qualité étaient de standardiser les produits fabriqués dans le secteur industriel, l’objectif poursuivi par ces projets est de voir comment donner un sens et éventuellement la rendre utile à la communauté professionnelle touchée par ce contexte situationnel. En d’autres mots, est-ce possible de transposer l’assurance qualité dans le secteur de l’enseignement supérieur? Nous tenterons de répondre à cette question en proposant certaines pistes de réflexion à ce sujet. Et à titre de praticien-chercheur, soit un observateur qui cherche à dégager de nouveaux savoirs, notre réflexion nous amènera vers l’émergence de nouveaux savoirs professionnels.