La valorisation des savoirs et des perspectives autochtones : pour une restauration minière culturellement appropriée dans le Nord-du-Québec

Abstract

La restauration minière étant un champ d’expertise très technique, les connaissances scientifiques prévalent souvent sur les connaissances autochtones, conformément à la tendance générale de hiérarchisation des savoirs. Pourtant, une restauration minière écologique et pérenne bénéficierait du regard holistique, localisé et ancré dans le territoire propre aux savoirs autochtones. La complémentarité des connaissances occidentales et autochtones et le maillage des deux modes de savoirs permettraient une restauration minière adaptée et une gestion durable des écosystèmes. L’objectif général de cet essai vise à explorer les moyens de valoriser les savoirs et les perspectives autochtones dans un contexte de restauration minière culturellement appropriée dans le Nord-du-Québec. Pour ce faire, les objectifs spécifiques permettent de faire un tour d’horizon des savoirs autochtones et de leur déclinaison, soit les savoirs écologiques autochtones. Leur apport en contexte de restauration minière est illustré. Le contexte de la Nation crie au Québec est brossé, notant la spécificité des valeurs ainsi que les ententes principales régissant leur collaboration dans le domaine minier. Ensuite, le concept d’espèces culturelles clés est étudié et sa pertinence dans les processus de restauration minière est démontrée. Le contexte minier au Québec est également approfondi, notamment par le biais des perspectives gouvernementales québécoises et cries. Puis, les pratiques de consultation et de participation autochtone en contexte minier québécois sont présentées ainsi qu’une comparaison avec le régime forestier québécois. Pour couronner le tout, l’analyse réalisée dans le cadre de cet essai illustre, dans un premier temps, les fondements de la participation citoyenne et offre des exemples de pratiques concrètes pour atteindre une réelle collaboration. Dans un deuxième temps, la résonance des perspectives d’experts provenant d’une société minière et d’organisations autochtones permet d’élucider les plus grands obstacles à la valorisation des savoirs autochtones et propose une variété de moyens pour les contrer. Les recommandations présentées s’ancrent dans la perspective qu’une collaboration significative soit la pierre angulaire pour une valorisation des savoirs autochtones en contexte de restauration minière. Dans cette optique, la mobilisation du concept d’espèces culturelles clés est un moyen pertinent de favoriser le dialogue, une compréhension mutuelle entre les parties et la valorisation des savoirs autochtones. Il est également nécessaire d’accroître la crédibilité des institutions gouvernementales et privées face aux Nations autochtones afin d’établir des relations de confiance ainsi que de renforcer la capacité de ces dernières, notamment par l’octroi de financement. Puis, la création de cadres réglementaires permanents est primordiale pour structurer et stabiliser la prise en compte des savoirs autochtones. Enfin, une modification de paradigme profond, issu d’une décolonisation des approches et de l’accroissement d’une considération mutuelle conclut les recommandations de l’essai.