Enjeux de l’agriculture vivrière et de la sécurité alimentaire et nutritionnelle durable au Gabon

Abstract

Le Gabon est recouvert à 85 % par une forêt équatoriale, ce qui crée un climat favorable pour l’agriculture en plus de nombreux autres atouts naturels. Malgré cela, le pays fait partie des nombreux pays qui font face à des enjeux de sécurité alimentaire et nutritionnelle, dans le contexte actuel de changements climatiques et de limitation des ressources naturelles. Souhaitant diversifier son économie et réduire sa dépendance aux importations agricoles, le Gabon compte développer son agriculture vivrière et d’exportation de manière durable afin de préserver ses ressources naturelles. Cet essai a pour objectif de décrire les enjeux de développement durable de l’agriculture vivrière au Gabon en vue d’identifier les points de levier pour renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population gabonaise. L’essai présente les facteurs bloquant le développement d’une agriculture vivrière forte nécessaire pour à atteindre une sécurité alimentaire et nutritionnelle au Gabon. Il s’agit de facteurs internes comme un système institutionnel faible, la capacité limitée d’investissement des producteurs, le manque d’attractivité du secteur, une stratégie de développement agricole faible selon des critères de durabilité et un lourd poids de la dette qui défavorise les investissements dans le secteur. Des facteurs externes tels que le libre-échange imposé par l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce, la ruée vers les terres à cause de grands enjeux mondiaux ont aussi des implications qui défavorisent l’agriculture vivrière. Il est recommandé comme points de leviers de développement prioritaires d’agir sur la gouvernance afin de parvenir à améliorer la production vivrière nationale. Il s’agit notamment d’intégrer des marchés régionaux qui favorisent l’agriculture vivrière nationale. Le Gabon doit aussi rendre viable sa dette en utilisant d’autres sources de financement moins risquées, ce qui permettrait d’augmenter les ressources financières disponibles pour développer l’agriculture. L’efficacité de ces solutions nécessite de faire reculer résolument la corruption au Gabon. En outre, l’agroécologie est une solution pour répondre aux enjeux relevés dans le secteur vivrier. Sa mise en place efficace nécessite un renforcement du système institutionnel agricole, mais aussi la définition d’une stratégie précise avec des choix cohérents de modèles agricoles résilients face aux changements climatiques. L’agroécologie doit également être davantage intégrée dans la Politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle et le Plan stratégique Gabon émergent, qui nécessitent par ailleurs d’être mis à jour. Enfin, l’Organisation mondiale du commerce doit créer un modèle de commerce agricole équitable. Ces points de levier impacteront positivement les aspects sociaux, économiques et environnementaux. Selon les impacts des changements climatiques prévus au Gabon, il est conclu qu’agir sur les points de leviers signalés dans cet essai, en renforçant une approche agroécologique dans le développement de l’agriculture vivrière, pourrait renforcer la résilience des populations et des écosystèmes.