Impacts du désenclavement sur le développement durable : Le cas de la Côte-Nord

Abstract

Dépendants du transport intermittent par bateau, les Nord-Côtiers souhaitent sortir de leur enclavement partiel par la construction d’un pont entre Baie-Sainte-Catherine et Tadoussac et par le prolongement de la route 138 entre Kegaska et Blanc-Sablon. Cependant, la mise en place de telles infrastructures permanentes va créer des impacts positifs et négatifs sur l’économie, le développement social, l’environnement, la gouvernance, l’éthique et la culture. Bien que des études d’impacts soient obligatoires avant la mise en place de ces projets, un manque de connaissances existe sur le plan du développement durable à plus grande échelle. L’objectif principal de cet essai est donc d’évaluer les impacts d’un désenclavement permanent sur les six aspects du développement durable de la Côte-Nord. Pour y parvenir, des sous-objectifs ont été réalisés. Ceux-ci étaient de définir les impacts du désenclavement permanent sur le développement durable de territoires canadiens, de caractériser les enjeux du développement durable de la Côte-Nord, d’analyser les enjeux canadiens de développement durable en les appliquant à la Côte-Nord, d’interpréter les résultats et de formuler des recommandations.

Les études de cas sur le désenclavement de l’Île-du-Prince-Édouard, de l’Île d’Orléans, des Monts Otish et de Tuktoyaktuk démontrent certaines tendances, dont l’augmentation des développements économiques, l’amélioration de l’accès à des biens et des services, la conservation du patrimoine culturel, mais aussi des conflits d’usage du territoire et des impacts mitigés sur la conservation de l’environnement. Appliquées à la situation particulière de la Côte-Nord, qui est une région dépendante de l’exploitation des ressources naturelles, ces tendances démontrent que la sphère environnementale serait la plus problématique lors d’un désenclavement puisqu’elle n’a obtenu qu’un pointage de 33 % à l’analyse multicritère. Les sphères économique (63 %), sociale (65 %), culturelle (65 %), éthique (68 %) et de gouvernance (72 %) ont toutes obtenu, quant à elles, des résultats supérieurs au seuil minimal de 60 %.

Pour permettre au désenclavement d’être durable, quelques recommandations ont été élaborées. Parmi celles-ci, la mise en place d’un réseau d’aires protégées et la création d’un plan pour limiter les émissions de GES et de polluants sont les deux recommandations les plus importantes pour améliorer le bilan environnemental. De plus, pour augmenter les résultats des autres sphères du développement durable, il est aussi recommandé de créer une table de concertation, de corriger les tronçons de route dangereux, d’augmenter le financement dans les industries ayant peu d’impact sur l’environnement, de développer l’offre de programmes universitaires dans la région, d’améliorer l’offre en habitation et de créer un fonds d’aide pour compenser les effets néfastes du désenclavement.