Tuberculose en Montérégie : portrait de la tuberculose active chez les personnes nées à l’étranger et de l’infection tuberculeuse latente chez les réfugiés

Abstract

Introduction : Pour lutter contre la tuberculose (TB) dans les pays à faible incidence de TB active, l’Organisation mondiale de la Santé recommande le dépistage et le traitement de l’infection tuberculeuse latente (ITL) dans certains groupes à risque, dont les personnes nées à l’étranger et les réfugiés. Cette étude vise à décrire le continuum de la tuberculose en Montérégie, en dressant le portrait de la TB active chez les personnes nées à l’étranger et de l’ITL chez les réfugiés adultes réinstallés, selon le type de parrainage. Méthode : Cette étude en deux volets est basée sur les dossiers d’enquête de santé publique de 232 personnes nées à l’étranger et atteintes de TB active en Montérégie entre 2000 et 2019 (volet 1) et sur les dossiers médicaux de 525 réfugiés adultes évalués en Clinique des réfugiés (CDR) en Montérégie entre 2017 et 2019 (volet 2). Des portraits sociodémographiques et cliniques des deux populations ont été réalisés à l’aide d’analyses descriptives. Pour le deuxième volet, des analyses multivariées ont été menées afin de déterminer les facteurs associés à un test cutané à la tuberculine (TCT) positif chez les réfugiés adultes réinstallés. Résultats : Des différences notables ont été révélées en matière de caractéristiques sociodémographiques et cliniques des immigrants atteints de TB active en Montérégie selon les différents pays d’origine, de même qu’entre les immigrants atteints de TB active en Montérégie et au Québec (volet 1). Des différences sociodémographiques et cliniques marquées ont aussi été notées entre les réfugiés parrainés par le gouvernement (RPG) et les réfugiés parrainés par le privé (RPP) (volet 2). La prévalence de TCT positif était de 47,9 % [IC à 95 % : 42,2 – 53,4] et était statistiquement plus élevée chez les RPG (55,8 %) que chez les RPP (43,4 %) (p = 0,029). Selon les analyses multivariées, le fait d’être un homme, d’être âgé de 40 ans et plus et d’être un RPG étaient associés à un résultat de TCT positif. Les différences notées entre les RPG et les RPP étaient probablement liées aux différences en termes de pays d’origine des réfugiés plutôt qu’au type de parrainage. Conclusion : Cette étude permettra d’orienter les interventions de prévention de la tuberculose en Montérégie, selon les particularités régionales. L’un des constats réside dans le fait qu’un nombre important de RPP ait été réinstallés en Montérégie et que ceux-ci partagent des caractéristiques sociodémographiques (dont le pays d’origine) très similaires avec plusieurs personnes nées à l’étranger et touchées par la TB active en Montérégie. Cela soulève l’intérêt d’évaluer davantage l’accès au dépistage de l’ITL pour ces réfugiés, surtout que des inquiétudes quant à l’accès aux CDR pour les RPP ont été émises.