Le rapport à l’écrit à la langue française des élèves francophones en contexte minoritaire

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Publication date
2021Author(s)
Lambert, Paméla
Subject
Rapport à l'écritAbstract
Le français et l’anglais sont les deux langues officielles du Canada. Bien que l’anglais soit la langue officielle d’une majorité de provinces, le français n’en demeure pas moins présent comme langue minoritaire dans chacune des provinces dans de multiples communautés francophones. Maintes études ont porté sur la vitalité du français ou encore sur la situation du français en milieu minoritaire, mais peu ont porté sur les communautés francophones de l’Ouest canadien, encore moins sur celles en Colombie-Britannique. Le rapport à l’écrit est un angle intéressant pour étudier la relation qu’entretiennent des individus à l’égard d’une langue, elle permet en effet d’en explorer à la fois la lecture, l’écriture et l’oral ainsi que les différentes dimensions. Des données quant aux compétences langagières sont disponibles par rapport aux facteurs qui influencent le développement de ces compétences, mais aucune recherche n’a pu être relevée sur le rapport à l’écrit de la langue française chez les adolescents francophones en situation de minorité. C’est pourquoi l’objectif général de cet essai est de décrire le rapport à l’écrit de la langue française qu’entretiennent les élèves francophones du secondaire en contexte minoritaire. Cet essai s’intéresse également à trois objectifs spécifiques, soit les perceptions, l’utilisation de la langue et l’importance accordée au français par les participants. La méthode de collecte de données retenue est l’entretien de groupe. De plus, les quatre dimensions du rapport à l’écrit ainsi que les particularités du milieu minoritaire ont guidé le choix des questions qui ont orienté les discussions des entretiens de groupe. Au total, ce sont 55 élèves de la 7e à la 12e année qui ont participé à la recherche. Ils ont été répartis en 12 groupes dont les entretiens ont duré environ 60 minutes. Ces entretiens de groupe ont été menés en juin 2019 et ont été enregistrés afin de permettre une réécoute, une transcription et une analyse. Des données ont donc été recueillies sur les dimensions affective, axiologique, conceptuelle et praxéologique du rapport à l’écrit ainsi que sur le sentiment identitaire francophone et l’insécurité linguistique. Il en ressort que les participants sont fiers de connaitre le français, ils en reconnaissent le caractère unique en milieu minoritaire et ils veulent continuer à utiliser le français après la fin de leurs études secondaires. Toutefois, très peu se jugent suffisamment compétents pour poursuivre leurs études en français. Malgré tout, les participants reconnaissent les valeurs marchande et utilitaire du français tout comme les valeurs culturelle et symbolique. Cependant, ces dernières sont connues par une moins grande proportion des participants. Toutefois, ceux-ci souhaitent transmettre la langue à la prochaine génération puisqu’elle occupe une place importante. Ensuite, il appert également que la majorité des participants voit les différentes variations du français comme une seule grande langue, mais ils redoutent le jugement ou ressentent un manque de compétence devant des francophones ayant une meilleure maitrise du français qu’eux (comme un individu issu d’un milieu majoritaire francophone). Néanmoins, le français demeure un choix ainsi qu’une expérience positive. D’ailleurs, l’école et la famille ont été identifiées comme des environnements primordiaux pour la vitalité du français. En effet, c’est à l’école et à la maison que le français est le plus utilisé. Les participants vivent également des défis ou des obstacles en milieu minoritaire comme la peur de perdre la maitrise du français, le défi de garder la langue vivante et la méconnaissance de la réalité des francophones en milieu minoritaire. Les médias de télécommunication semblent être la meilleure porte d’entrée par les participants pour vivre plus en français, même si beaucoup d’entre eux n’ont rien pu suggérer comme moyens. Enfin, plusieurs constats se dégagent des résultats nommés précédemment. D’abord, le développement du rapport à l’écrit du français est plus positif et fort lorsqu’un enfant est initié à la maison au français plutôt qu’à l’école. Cela favorise d’ailleurs un meilleur niveau de francité familioscolaire qui, à son tour, renforce le rapport à l’écrit au français d’un individu. Celui-ci approfondit alors sa relation avec la langue et transcende les rôles pragmatiques du français vers les valeurs affective, identitaire et culturelle du français. Qu’un élève francophone vive une forte ou une faible francité familioscolaire, chacun peut vivre de l’insécurité linguistique en français, mais aussi en anglais. Globalement, le français est perçu positivement, mais les comportements à l’égard de la langue n’y correspondent pas toujours, démontrant une préférence linguistique et culturelle pour l’anglais. Bref, les sentiments, la valeur, l’importance, les représentations de la langue ainsi que les pratiques langagières des élèves francophones du secondaire en milieu minoritaire ont été étudiés et sont désormais plus clairs. Des obstacles à la vitalité du français en sont ressortis, mais il sera alors plus aisé d’identifier les meilleures solutions afin de pallier les difficultés.
Collection
- Éducation – Essais [709]
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