La conservation du béluga, du rorqual bleu, du rorqual commun et de leurs proies dans le projet d’aires marines protégées de l’estuaire du Saint-Laurent : analyse et recommandations

Abstract

Les aires marines protégées sont une pierre angulaire de la conservation des écosystèmes naturels. Le Canada et le Québec se sont engagés à développer un réseau d’aires marines protégées. À cet effet, six réserves de territoires aux fins d’aire protégée ont été créées dans l’estuaire du Saint-Laurent notamment pour contribuer à la conservation du béluga, du rorqual bleu, du rorqual commun et de leurs proies. Les mesures de protection en vigueur à la suite de l’octroi de ce statut administratif et transitoire ne sont pas finales; elles seront revues avant la désignation légale dans le cadre de l’Entente de collaboration Canada-Québec pour l’établissement d’un réseau d’aires marines protégées au Québec. L’objectif de cet essai est d’analyser l’adéquation entre le projet d’aires marines protégées Canada-Québec de l’estuaire du Saint-Laurent et les objectifs de rétablissement de chaque espèce ciblée afin d’identifier certaines bonifications aux mesures en vigueur. Pour y parvenir, quatre éléments clés sont considérés : les priorités de conservation du projet, les objectifs de rétablissement de chacune des espèces, les mesures de protection en vigueur et les pressions exercées sur le milieu. L’analyse permet de constater l’absence du récréotourisme à la gestion des activités des secteurs associés au projet d’aires marines protégées. Dans certains secteurs de leur aire de répartition, les mammifères marins sont exclus des objectifs de conservation. De plus, le projet ne permet pas la protection du béluga dans toute son aire de répartition. D’autre part, les sources de contamination et le dérangement anthropique dans les secteurs de Matane—Les Méchins et des Basques ont un impact négatif sur la conservation des mammifères marins. Les réserves de territoires aux fins d’aire protégée contribuent donc à la conservation. Toutefois, la révision et la bonification des objectifs de conservation ainsi que des mesures de protection et de gestion sont nécessaires. Les bonifications recommandées au Groupe bilatéral sur les aires marines protégées Canada-Québec sont inspirées de l’étude de cas, qui cible le Parc marin du Saguenay—Saint-Laurent, les National representative system of marine protected areas et Australian whale sanctuary ainsi que le Channel Islands national marine sanctuary. Il est d’abord recommandé d’inclure le béluga aux priorités de conservation de quatre secteurs, de créer une zone sanctuaire pour les baleines dans le Saint-Laurent, puis d’évaluer l’agrandissement des limites du parc marin du Saguenay—Saint-Laurent et d’élargir la portée des comités d’harmonisation et de coordination. Ensuite, il s’agit de bonifier les mesures par la déviation de la ligne du traversier à Matane et l’implémentation d’un plan des pêches modèles pour inclure un programme de compensation inspiré du Fishing and related industries compensation (marine reserves) Act 1997. De plus, il sera crucial à la bonne gestion d’instaurer un plan opérationnel détaillé misant sur la coopération et la collaboration des parties prenantes. Enfin, développer des ententes de partenariat avec les provinces de l’Atlantique et à l’international contribuera à harmoniser les efforts déployés dans les couloirs de migration.