Analyse des opportunités et contraintes de coopération des PME au Sénégal : le cas de l’autoproduction d’électricité

Abstract

Dans un contexte de déficit d’approvisionnement public en électricité au Sénégal et pour répondre à la demande sans cesse croissante en consommation d’énergie électrique, cette recherche analyse les opportunités et contraintes de coopération des dirigeants de petites et moyennes entreprises (PME) dans une perspective d’autoproduction d’électricité pour leurs propres besoins économiques. Via un co-investissement autour d’une ressource à partager, cette action collective leur permettrait d’assurer leur autosuffisance en consommation d’énergie électrique. Or, bien que le secteur de l’électricité au Sénégal, notamment en ce qui a trait à l'autoproduction d’électricité, soit encadré et réglementé, le scénario d’une action collective dans l’autoproduction n’est pas prévu dans le cadre institutionnel actuel. En ce sens, des arrangements institutionnels seraient donc nécessaires au sein de la structure collective pour contraindre les partenaires à agir dans le respect des engagements sur l’utilisation ou l’exploitation de la ressource commune. En revanche, plusieurs études sur les pays en développement établissent que le respect des contrats formels ne saurait être possible sans une capacité institutionnelle et réglementaire forte. Dans un contexte de sous-efficacité du cadre juridique et réglementaire sénégalais en matière de régulation de l’environnement des affaires (PPIAF, 2016; Banque mondiale, 2016), nous avons analysé le rôle que pourraient jouer les institutions informelles dans la coordination de l’action collective des dirigeants de PME dans la zone industrielle de Ziguinchor, au sud du pays. Dans ce travail, en recourant à une approche de méthodologie mixte, nous avons triangulé nos données quantitatives et qualitatives, les secondes servant à argumenter les premières. L’objectif visé était de mieux saisir la portée des données quantitatives quant aux choix des préférences des répondants. La grille d’entrevue semi-directive a ainsi été construite sur la base des résultats quantitatifs obtenus. Soumis à un arbitrage entre leurs référentiels et les dispositifs de régulation formels (contrat écrit et tribunaux), les dirigeants de PME préfèrent un compromis entre ces deux approches de coordination de l’action collective, et ce, dépendamment des contextes, de leur vision de l’environnement des affaires ainsi que des possibilités qui leur sont offertes. Ainsi, nos résultats établissent que ces deux approches, plutôt que de s’opposer ou se substituer, se renforcent et seraient donc compatibles dans le contexte sénégalais pour conduire à la création de conditions gagnantes d’une coopération entre des dirigeants de PME. Cette coordination de la relation de coopération est donc encastrée dans le contexte social des dirigeants de PME sénégalais.

Abstract: In the context of a deficit in public electricity supply in Senegal and to meet the ever-increasing demand in electricity consumption, this research analyzes the opportunities and constraints for cooperation among managers of small and medium-sized enterprises (SME) in a perspective of electricity self-generation meeting their own economic needs. Through co-investing in a shared resource, this collective action would ensure to managers a self-sufficiency in electrical energy consumption. Although Senegal's electricity sector, particularly regarding electricity self-generation, is regulated and supervised, the scenario of a collective action in self-generation is not provided by the current institutional framework. In this sense, institutional arrangements would therefore be necessary within the collective structure to compel the partners to act in compliance with commitments on the use or exploitation of the common resource. On the other hand, several studies on developing countries establish that compliance with formal contracts would not be possible without strong institutional and regulatory capacity. In the context of Senegal's underperforming legal and regulatory framework in regulating the business environment (PPIAF, 2016; World Bank, 2016), we analyzed the role that informal institutions could play in coordinating a collective action by SME managers of the Ziguinchor industrial zone, in the southern region of the country. In this work, we used a mixed methodology approach to triangulate our quantitative and qualitative data. The latter was used to argue the former with the objective of understanding better the significance of the quantitative data in terms of respondents' preference choices. The semi-directive interview grid was thus constructed on the basis of the quantitative results obtained. Subjected to an arbitration between their frames of reference and the formal regulatory mechanisms (written contract and courts of law), SME managers prefer a compromise between these two approaches in coordinating their collective action which depends on the context, their vision of the business environment and the available opportunities. That being said, our results establish that these two approaches, rather than opposing or substituting each other, are mutually reinforced and would therefore be compatible in the Senegalese context on the road to creating winning conditions for SME managers to collaborate. This coordination of the cooperation relationship is, therefore, embedded in the social context of Senegalese SME managers.