Le processus de création des aires protégées au Québec face aux orientations et cibles de la Convention sur la diversité biologique

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Publication date
2021Author(s)
Plouffe, Maxime
Subject
Aires protégéesAbstract
À l’échelle planétaire, le déclin persistant de la diversité biologique appelle à l’expansion imminente des réseaux nationaux d’aires protégées. Face à des pressions constantes d’exploitation des ressources et de perturbation des habitats, les aires protégées constituent la pierre angulaire de la sauvegarde du patrimoine naturel mondial. En 2010, les Parties à la Convention sur la diversité biologique adoptaient le Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020 dans l’optique de stimuler la création d’aires protégées et ainsi soutenir la conservation de la biodiversité. Parmi ses 20 cibles (objectifs d’Aichi), le Plan commandait la protection de 17 % des milieux terrestres et d’eaux intérieures au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et connectés. Suivant la conclusion du Plan, l’objectif de cet essai est d’analyser le processus québécois de création des aires protégées en regard des orientations et des cibles édifiées par la Convention sur la diversité biologique.
Les résultats de l’analyse révèlent que les principales lacunes du processus sont de nature administrative et politique lorsque les terres du domaine de l’État sont en cause. Les projets d’aires protégées, généralement d’entreprise locale, se heurtent à des blocages récurrents de la part du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles et du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Ces derniers détiennent un droit de regard prioritaire sur toute affectation touchant le territoire public. Droits d’exploitation des ressources naturelles, préservation de possibilité forestière et de potentiel hydroélectrique se dressent comme motifs principaux d’obstruction aux aires candidates. De fait, les plus récentes désignations du gouvernement se concentrent dans le Nord québécois où les intérêts économiques sont moindres, laissant les sites de grands intérêts écologiques du Québec méridional en proie aux activités incompatibles à la conservation. Pourtant, le sud de la province abrite la majorité de la diversité biologique québécoise et de ses espèces à statut précaire.
Les recommandations formulées impliquent l’intégration des sciences biophysiques dans l’appareil décisionnel et une considération approfondie des valeurs écologiques du territoire. En ce sens, le Québec doit adopter une planification décentralisée chargée de cibles écorégionales et préconiser une approche multicatégories envers ses systèmes d’aires protégées. Également, en amont d’une décision officielle, l’introduction d’une protection provisoire permettrait de préserver l’intégrité des aires protégées candidates. Le moratoire éviterait qu’un site demeure sensible à quelconques travaux d’aménagement susceptibles de nuire à son dossier de candidature. Essentiellement, la structure législative de la province, notamment La Loi sur la conservation du patrimoine naturel, comporte les assises nécessaires au développement d’un réseau fidèle aux principes de la Convention. L’élément manquant est un changement de paradigme du gouvernement quant à la protection du territoire.
Collection
- CUFE – Essais [1337]
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