La variabilité de l'élaboration verbale de l'affect

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Publication date
2021Author(s)
Lortie Lapierre, Kristel
Subject
Variabilité de l’élaboration verbale de l’affectAbstract
De nombreuses études ont montré la pertinence de la mentalisation dans la compréhension de symptômes psychopathologiques, du succès thérapeutique et du fonctionnement global de l’individu. La mentalisation s’acquiert et se développe au sein des relations d’attachement. Son développement dépend d’un contexte où les états mentaux sont traités et de la qualité des relations d’attachement. La recherche a également porté sur l’interaction entre la qualité du lien d’attachement et les capacités de mentalisation, notamment sur les liens prédictifs unissant ces deux variables. Des approches thérapeutiques psychodynamiques contemporaines y accordent donc une importance centrale dans leurs modèles théoriques et leurs modèles d’intervention. Les recherches les plus récentes suggèrent cependant que la mentalisation peut varier en fonction de différents affects et du contexte, dont le contexte relationnel. L’élaboration verbale des affects concerne la transformation des expériences émotionnelles, d’abord somatiques, en matériel psychique représenté et élaboré, ce qui est un des aspects de la mentalisation. La présente étude visait à documenter et mieux comprendre la variabilité de l’élaboration verbale de l’affect (ÉVA) et de la mentalisation implicite (% d’affects dans le discours) en fonction de représentations d’attachement et de différentes catégories d’affects. Une méthodologie quantitative a permis de vérifier les hypothèses. L’échantillon est constitué de 10 adultes faisant partie de la population générale. Deux Entrevues d’attachement adulte (EAA) abrégées concernant leur père et leur mère et une Current Relationship Interview (CRI) modifiée concernant leur conjoint ou une relation d’amitié leur ont été administrées. Elles ont été cotées selon la Grille de l’Élaboration verbale de l’Affect (GÉVA) et la Mesure pour l’Identification des Contenus Affectifs (MICA). Des analyses de variance multivariées à mesures répétées, des analyses de variance à mesures répétées et des tests de comparaisons multiples ont permis de révéler que l’ÉVA ainsi que le pourcentage d’affects dans le discours varient en fonction des représentations d’attachement et des affects. Il a été montré que le score global de l’élaboration verbale (ÉV) de l’ensemble des affects de la MICA est significativement plus élevé lorsqu’il est question de la relation avec le conjoint (ou la relation d’amitié) que lorsqu’il est question de la relation avec la mère et de la relation avec le père. Cependant les scores pour la relation avec la mère et le père ne diffèrent pas significativement l’un de l’autre. Tous les autres résultats vont aussi dans le sens d’une variabilité de la mentalisation. Les contrastes significatifs n’ont cependant pas été révélés. Ainsi, les différentes mentalisations (ÉV des affects à soi et aux autres et pourcentage des affects à soi et aux autres) varient toujours en fonction des affects. Les mentalisations explicite (ÉVA) et implicite (%) des affects à soi varient aussi en fonction de l’interaction entre les affects et la représentation d’attachement évoquée. La mentalisation explicite des affects des autres varie également selon la représentation d’attachement évoquée, indépendamment des affects. La mentalisation implicite des affects aux autres ne varie significativement que selon les affects, mais une tendance à varier selon l’interaction des affects et de la relation a été décelée et abordée ainsi dans la discussion des résultats. L’étude a une portée clinique et scientifique. Elle met notamment en lumière l’importance de sensibiliser et d’outiller les thérapeutes à mieux identifier les déficits de mentalisation spécifiques en tenant compte de sa variabilité relationnelle et selon les différents affects.
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