Former des acteurs de changement à l'université : repères théoriques et pratiques d'une éducation pour le changement dans le contexte d'une transition écosociétale

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Publication date
2021Author(s)
Champoux, Mélanie
Subject
Pédagogie critiqueAbstract
Le monde de l’éducation supérieure est aujourd’hui interpelé de manière aiguë par l’exacerbation de la gravité et de l’urgence des problématiques socioécologiques. Dans le même temps, l’on observe une absence de repères et de certitudes qui sont caractéristiques de la postmodernité. C’est dans ce contexte sociétal anxiogène que nous constatons qu’un nombre grandissant de programmes universitaires professionnalisants proposent de former des acteurs de changement. Ces programmes échouent toutefois à inscrire leurs propositions éducatives au sein d’un répertoire de théories pertinentes et cohérentes entre elles. Si de telles formations doivent accompagner des personnes à s’engager de manière critique et créative dans la transformation des réalités sociétales non désirables, et ce, afin de coconstruire ensemble les conditions de réalisation d’une transition écosociétale, il apparait essentiel de réfléchir à certaines questions centrales telles que : que signifie être un acteur de changement? Pour qui et pour quoi former des acteurs de changement? Dans quels buts? Au nom de quelles valeurs et de quels principes? Comment y arriver?
L’objectif général de cet essai consiste à proposer des repères théoriques et pratiques pour penser et mettre en œuvre des formations d’acteurs de changement en milieu universitaire dans le contexte d’une transition écosociétale. Pour y arriver, la méthodologie de l’anasynthèse est déployée à travers un volet théorique et un volet empirique qui s’enrichissent de manière dialectique. Ce processus rigoureux permet de formuler une proposition éducative modélisée selon les dimensions constitutives d’une théorie en éducation.
En synthèse, former des acteurs de changement exige de prendre un pas de recul afin de redéfinir notre vision de l’éducation en l’envisageant comme une force qui permet de transformer les réalités injustes grâce à l’éducation de sujet-acteurs autonomes, conscients, critiques et engagés dans une praxis sociale qui les transforme en même temps qu’elle transforme le monde. Il devient alors nécessaire de renoncer à une vision de l’éducation dont la mission serait celle d’adapter des individus-objets à des réalités extérieures inexorables. La compréhension critique du monde exige le développement d’une pensée complexe qui aborde de manière holistique les problématiques socioécologiques. Les étudiants et les enseignants doivent s’engager dans une relation mutuelle de création et de re-création du monde. Cela exige de l’enseignant qu’il comprenne que tout acte éducatif est politique par essence et que la praxis éducative exige de lui une posture engagée. Les problématiques socioécologiques sont mises au centre de la situation éducative de manière transdisciplinaire et les coapprenants s’engagent à les étudier de manière dialogique en les éclairant par une pluralité de perspectives. Les savoirs d’expérience et la subjectivité sont reconnus et mobilisés. Il n’y a plus de fossé entre la théorie et la pratique. Confiance, foi, humilité, liberté, criticité, émancipation, dialogue, espérance active, résistance, lutte, imagination et créativité sont des mots de Paulo Freire qui doivent guider notre praxis éducative et sociale dans le contexte d’une transition écosociétale.
Collection
- CUFE – Essais [1338]
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