Symptômes dépressifs postpartum chez les couples : rôle du perfectionnisme et de l’anxiété

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Publication date
2021Author(s)
Latulippe, Nadia
Subject
Dépression postpartumAbstract
La dépression postpartum (DPP) est connue pour ses impacts négatifs d’abord sur l’individu qui en est affecté, mais également sur l’enfant, l’autre parent et la relation avec eux. Les efforts des chercheurs pour mieux comprendre la DPP se sont concentrés sur l’étude de ses facteurs de risque. Entre autres, il est maintenant connu que la DPP maternelle représente le plus fort prédicteur de la DPP paternelle (Goodman, 2003). Un nombre grandissant d’études s’intéresse également aux liens entre le perfectionnisme mésajusté et la DPP, mais chez les mères seulement. À notre connaissance, aucune étude en périnatalité n’a à ce jour poursuivi l’objectif spécifique d’évaluer le lien entre le perfectionnisme ajusté et les symptômes dépressifs postpartum. Ainsi, la présente étude a pour premier objectif d’évaluer, dans une perspective dyadique, l’association entre le perfectionnisme (ajusté et mésajusté) et les symptômes dépressifs postnataux chez les deux parents. Un autre facteur de risque documenté de la DPP chez les parents est l’anxiété. Chez les mères, l’anxiété aurait même un rôle médiateur dans le lien unissant le perfectionnisme à la DPP (Oddo-Sommerfeld, Hain, Louwen, & Schermelleh-Engel, 2016). La présente étude s’intéresse également à la contribution de l’anxiété comme variable médiatrice de ce lien sur l’individu ainsi que sur son partenaire. Cette thèse s’inscrit dans un projet plus vaste portant sur les facteurs psychologiques liés à l’ajustement parental après l’arrivée d’un enfant. Ainsi, 85 couples ont complété individuellement des questionnaires mesurant les variables à l’étude. Des analyses acheminatoires basées sur le modèle d’interdépendance acteur-partenaire (Kenny, Kashy, & Cook, 2006) ont été effectuées en examinant les liens de type acteur, partenaire et médiationnel entre ces variables. Les résultats ont révélé que le perfectionnisme ajusté des hommes et des femmes est négativement lié à leurs propres symptômes dépressifs. Des liens positifs ont été détectés entre le perfectionnisme mésajusté des pères et des mères, leurs propres symptômes dépressifs et ceux de leur partenaire. En ce qui a trait aux effets indirects de l’anxiété au plan acteur, les résultats révèlent que la plus grande présence de symptômes dépressifs postnataux chez les parents présentant des degrés plus élevés de perfectionnisme mésajusté s’expliqueraient par leur niveau d’anxiété plus élevé, le rôle médiateur de l’anxiété étant partiel pour les femmes et total pour les hommes. Également, les symptômes dépressifs moins élevés des mères présentant des degrés plus élevés de perfectionnisme ajusté s’expliqueraient en partie par leur plus faible niveau d’anxiété. Des effets indirects de l’anxiété ont aussi été détectés au plan partenaire. Précisément, les hommes en couple avec une partenaire présentant un degré plus élevé de perfectionnisme mésajusté présentent plus de symptômes dépressifs via leur niveau d’anxiété plus élevé, tandis que les hommes en couple avec une partenaire présentant un degré plus élevé de perfectionnisme ajusté présentent moins de symptômes dépressifs en raison notamment d’une plus faible présence de symptômes anxieux. Ces résultats permettent une meilleure compréhension des facteurs contribuant aux symptômes dépressifs des pères et des mères d’un point de vue dyadique. Les résultats permettent également de sensibiliser les intervenants en périnatalité à tenir compte du perfectionnisme mésajusté des deux parents dans leur travail d’évaluation et d’identification des individus à risque afin de prévenir le développement ou l’aggravation des symptômes anxio-dépressifs chez ceux-ci.
Collection
- Moissonnage BAC [3248]
- Lettres et sciences humaines – Thèses [628]