Le processus spirituel des femmes vivant un accouchement vaginal face à la question de l'anesthésie épidurale. Entre faire face à l’inconnu et accoucher de moi-même.

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Publication date
2020Author(s)
Bélanger-Lévesque, Marie-Noëlle
Subject
QuébecAbstract
Cette thèse doctorale interdisciplinaire fait le pari d’examiner le phénomène québécois de l’accouchement sous anesthésie épidurale, avec un des taux d’utilisation les plus élevé mondialement, sous un angle de recherche original, celui de la spiritualité. La formulation fixée de la question de recherche est ainsi : Quel est le processus spirituel des femmes vivant un accouchement vaginal, à la fois révélé et restreint par la question de l’anesthésie épidurale?
La démarche empirique par méthodologie de théorisation ancrée constructiviste auprès de femmes ayant récemment accouché a mené à un processus spirituel révélée par la question de l’épidurale. Celui-ci se caractérise par: i) une tension existentielle/décisionnelle ("faire face à l'inconnu"); ii) une affirmation spirituelle ("plonger"); iii) une connexion spirituelle ("sentir plus grand en/hors moi"); et iv) une transformation spirituelle ("accoucher de moi-même").
L’anesthésie épidurale joue ici deux rôles. D’abord, pour vivre ce processus, la femme qui accouche est appelée à mobiliser son noyau spirituel, composé de quatre dimensions (sens, relation, paix, transcendance; Koenig et Büssing 2010). Si ce noyau est insuffisamment solide ou sollicité, l'anesthésie épidurale pallie la souffrance spirituelle qui en résulte (« ne pas me sentir »). « Me soulager avec l'épidurale » limite toutefois l'accès au processus spirituel, car la femme n'a pas autant contact avec elle-même et à ses ressources spirituelles, résultant à moins d’expériences spirituelles et de transformation spirituelle. Néanmoins, si elle en limite l'accès, l'épidurale n'empêche pas le processus spirituel, alors que d'autres voies alternatives peuvent être empruntées.
D’un point de vue clinique, la thèse implique de sortir l’anesthésie épidurale d’un discours restreint à la gestion de la douleur, pour s’en servir comme question facilitant l’exploration du processus spirituel de l’accouchement et l’identification de souffrance spirituelle. D’un point de vue scientifique, elle invite à investiguer de nouveaux lieux pour le religieux contemporain du « faire face à l’inconnu » à partir de ce nouveau modèle conceptuel de la spiritualité.