Le rôle médiateur des problèmes de conduites dans l’association entre le désordre du quartier et la victimisation par les pairs chez les adolescents
Publication date
2020Author(s)
Bizier-Lacroix, Roxanne
Subject
Victimisation par les pairsAbstract
La victimisation par les pairs a des conséquences graves sur l’adaptation des adolescents. Les adolescents victimisés sont plus à risque de développer par la suite différents problèmes de santé mentale : dépression, anxiété, problèmes extériorisés, conduites suicidaires, etc. (Castellví et al., 2017; Reijntjes et al., 2011; Reijntjes, Kamphuis, Prinzie et Telch, 2010; Ttofi, Farrington, Lösel et Loeber, 2011). Il est donc important d’identifier les facteurs de risque qui contribuent à cette problématique afin de développer des interventions permettant de prévenir ou diminuer la victimisation par les pairs chez les adolescents. À ce propos, peu de chercheurs se sont intéressés à l’influence des facteurs présents dans l’environnement (Hong et Espelage, 2012). Pourtant, selon la théorie de la désorganisation sociale, la présence de certains facteurs dans le quartier, tels que le désordre, créerait des conditions augmentant la violence interpersonnelle (Kubrin et Weitzer, 2003, Sampson, Raudenbush et Earls, 1997). Il est donc possible que des facteurs du quartier contribuent à la victimisation par les pairs. Ainsi, le premier objectif de l’étude visait à vérifier s’il y a une association longitudinale entre le désordre du quartier, rapporté selon la perception des jeunes et aussi par des observateurs externes, et la victimisation par les pairs chez les adolescents, rapportée par les jeunes et les enseignants un an plus tard. Par ailleurs, de nombreux chercheurs ont démontré que la présence de facteurs associés à la désorganisation sociale du quartier, tels que le désordre, augmente les risques de présenter des problèmes de conduites (Chang, Wang et Tsai, 2016; Leventhal et Brooks-Gunn, 2000 ; Schonberg et Shaw, 2007) et que présenter des problèmes de conduites est un facteur de risque de la victimisation par les pairs (Kljakovic et Hunt, 2016). Ainsi, ces associations suggèrent qu’il y a possiblement une médiation expliquant l’association entre le désordre du quartier et la victimisation par les pairs. En ce sens, le deuxième objectif visait à vérifier si la présence de problèmes de conduites chez les adolescents agit comme médiateur dans l’association entre le désordre du quartier et la victimisation par les pairs. L’échantillon de l’étude comportait 672 adolescents répartis en deux groupes : un groupe de jeunes présentant des problèmes de conduites (N = 233; 51,5 % de garçons) et un groupe de jeunes n’en présentant pas (N = 381; 55,6 % de garçons). Afin d’atteindre les objectifs de l’étude, des modèles d’équations structurelles ont été réalisés. Les résultats indiquent qu’il y a présence d’une association positive entre le désordre du quartier perçu par les jeunes et la victimisation par les pairs un an plus tard, que celle-ci soit rapportée par le jeune ou l’enseignant et qu’elle soit de nature directe ou indirecte. Autrement dit, percevoir un haut niveau de désordre dans le quartier est associé à vivre plus de victimisation par les pairs. Toutefois, les résultats montrent que cette association est indirecte et qu’elle s’explique par la présence de problèmes de conduites et qu’ainsi les problèmes de conduites jouent un rôle médiateur dans cette association. Ces résultats suggèrent donc que, pour les jeunes, percevoir un haut niveau de désordre dans leur quartier favoriserait possiblement la présence de problèmes de conduites et que la présence de ces problèmes mènerait à des niveaux de victimisation plus élevés. Cela peut possiblement s’expliquer par le fait que ces jeunes, au contact d’un environnement désorganisé, intérioriseraient des messages à l’effet qu’il est adéquat d’adopter des comportements ne respectant pas les règles sociales (Sampson et al., 1997) et qu’ensuite, l’adoption de conduites antisociales augmenterait la victimisation qu’ils subissent de la part de leurs pairs (Capaldi et Stoolmiller, 1999; Reijntjes et al., 2011). Par ailleurs, les résultats montrent qu’il n’y a pas d’association entre le désordre du quartier lorsque celui-ci est observé par des assistants de recherche et la victimisation par les pairs, ce qui laisse croire que c’est davantage la perception du désordre qui a un impact sur la victimisation par les pairs. En somme, les résultats de cette étude soulignent l’importance de continuer d’étudier et comprendre l’influence qu’exerce la perception qu’ont les jeunes du désordre dans leur quartier puisque c’est une piste d’intervention potentiellement intéressante. En effet, les résultats de cette étude suggèrent qu’intervenir sur la perception qu’ont les adolescents de leur environnement permettrait possiblement d’agir en prévention des problèmes de conduites et donc en prévention de la victimisation par les pairs subie en raison de ces difficultés comportementales. Concrètement, pour modifier la perception des adolescents du désordre présent dans leur quartier, il pourrait être intéressant de les impliquer dans la valorisation de celui-ci.
Collection
- Moissonnage BAC [4507]
- Éducation – Mémoires [888]
The following license files are associated with this document: