Pistes décoloniales pour la traduction de récits autochtones : l’exemple de They Called Me Number One de Bev Sellars

Visualiser/ Ouvrir
Date de publication
2019Auteur(s)
Théberge, Sarah
Sujet(s)
Traduction littéraireRésumé
En cette période de réappropriation des voix autochtones sur le territoire canadien, le récit de vie autochtone féminin est perçu comme une forme de réécriture de l’histoire : son message pourrait donc être (sur)interprété ou récrit par une personne traduisante (souvent issue d’une nation d’établissement). L’acte traductif dans ce contexte est lourd de conséquences, car une approche impérialiste étoufferait à nouveau la voix des individus en voie de guérison. Grâce à l’analyse contextuelle du récit de vie They Called Me Number One: Secrets and Survival at an Indian Residential School,— l’histoire de Bev Sellars et d’autres élèves ayant fréquenté la Mission Saint-Joseph de Lac-Williams—, il est possible de produire en français un texte d’arrivée qui soit rédigé de manière à privilégier une approche traductologique décoloniale et autochtoniste grâce, notamment, à la sauvegarde de l’oralité, de la temporalité et de l’expression du territoire présentes dans le texte de départ. Ces pistes décoloniales et autochtonistes mettent en évidence une relationalité autoréflexive, intersubjective, émancipatrice, interculturelle et collaborative entre l’auteure du récit et le sujet traduisant. En effet, ce processus de traduction permet de constater les aspects guérisseurs du récit de vie féminin, tant d’un point de vue personnel, exprimé au « je », que collectif, où l’utilisation du pronom « nous » représente à la fois l’expérience de l’auteure et celles des autres élèves. Chez l’auteure, cette émancipation s’observe par la libération de traumas, libération résultant du processus d’écriture, et chez la traductrice, par des exercices d’autoréflexion tendant vers une positionnalité consciente de sa tâche sur l’axe de pouvoir (dé)colonial. L’écriture du texte d’arrivée, qui a pour titre Matricule « Numéro 1 » : secrets et survie dans un pensionnat autochtone, s’est faite en observant les principes de la rédaction épicène inclusive et dans le cadre d’une collaboration auctoriale fondamentale entre l’auteure et la traductrice : une association qui se fait grâce à un processus d’identification d’ordre discursif, où la traductrice s’identifie à l’éthos personnel de l’auteure ainsi qu’à l’éthos collectif de la communauté en question, que l’auteure porte en son « nous ». Enfin, ces pistes décoloniales et autochtonistes en traductologie visent à (re)connaître l’Autre, à engager le dialogue et à tendre vers une véritable réconciliation et empathie entre les genres et les nations.
Collection
- Moissonnage BAC [3168]
- Lettres et sciences humaines – Thèses [623]
Les fichiers de licences suivants sont associés à ce document: