Mise en oeuvre et analyse d'un dispositif d'accompagnement de l'écriture auprès d'étudiants à la Maitrise en étude des pratiques psychosociales : une recherche-intervention

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Publication date
2019Author(s)
Hillion, Jacques
Subject
Rapport à l'écritAbstract
De plus en plus, l’accompagnement de l’écriture des étudiants à l’université est reconnu comme relevant de la responsabilité de l’université (Delcambre, 2009). Les formes que peut prendre cet accompagnement sont multiples et cette recherche se propose d’explorer l’une d’entre elles : l’atelier d’écriture de loisir didactisé (Lafont-Terranova, 2014a). Ce type d’atelier conserve la bienveillance et la créativité propres à l’atelier d’écriture de loisir, mais leur adjoint une didactisation des consignes dans une visée formatrice plus explicite.
La présente recherche épouse le format d’une recherche-intervention (RI) (Duchesne et Leurebourg, 2012). L’intervention consistait en un atelier d’écriture de loisir didactisé proposé aux étudiants à la maitrise en étude des pratiques psychosociales de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Elle visait une mise en mouvement du rapport à l’écrit (RÉ) (Chartrand et Blaser, 2008) des étudiants et la sollicitation chez eux d’une conscience réflexive de l’écriture (CRÉ) (Rinck, 2012; Wardle, 2009). Le versant recherche de cette RI avait pour objectif de mieux comprendre le RÉ et d’observer son éventuelle mise en mouvement lors de l’intervention. Il s’agissait également d’observer la sollicitation de la CRÉ et sa contribution éventuelle à la mise en mouvement du RÉ.
Outre leurs écrits d’atelier, les étudiants étaient invités à produire un journal d’écriture et un écrit d’analyse final articulant différents niveaux d’écriture (écriture de loisir, écriture réflexive et écriture académique). L’ensemble de ces écrits constitue les données, à quoi s’ajoute une participation observante (Soulé, 2007) à travers le journal du chercheur, ses notes et ses observations. La méthode d’analyse retenue est une analyse en mode écriture (Paillé et Mucchielli, 2012), de nature inductive et dégageant progressivement des catégories conceptualisantes (Ibid.).
Les résultats montrent chez les participants un RÉ en trois dimensions : affective, conceptuelle et praxéologique, ainsi que des traits caractérisant ce RÉ : une dimension conceptuelle influencée par le contexte, une ambivalence constitutive du RÉ et une composante identitaire traversant ces trois dimensions. Six processus dynamiques distincts témoignent de la mise en mouvement du RÉ, selon une sorte de continuum reliant l’écriture au scripteur. Plusieurs facteurs génèrent ou favorisent cette mise en mouvement du RÉ, chacun agissant préférentiellement − mais non exclusivement − sur certaines dimensions. Si la dimension affective est notamment sensible à l’animation de l’atelier et à la posture de l’animateur, les dimensions praxéologique et conceptuelle sont fortement mises en mouvement grâce à la CRÉ. Celle-ci est effectivement sollicitée et mise en action lors de l’atelier d’écriture de loisir didactisé et ses manifestations s’organisent selon une progression en sept étapes allant du plus simple au plus élaboré.
Ces résultats appuient l’intérêt d’impliquer le RÉ dans l’accompagnement de l’écriture des étudiants à l’université et la pertinence de l’atelier d’écriture de loisir didactisé pour ce faire. Ils fournissent également une contribution à la connaissance du RÉ et surtout de ce qui peut déclencher ou favoriser sa mise en mouvement. Plus particulièrement, le dévoilement de la CRÉ et sa conceptualisation permettent d’en préciser les modes d’action et la désignent comme un outil adéquat de mise en mouvement du RÉ. Enfin, par ses résultats mais aussi par l’identification de ce qui a fait défaut lors de l’intervention, cette recherche permet de faire des recommandations en vue de la conception et de la mise en œuvre d’un dispositif d’aide à l’écriture des étudiants à l’université.
Collection
- Moissonnage BAC [4517]
- Éducation – Thèses et essais doctoraux [290]