Effet d'un traitement chronique à la scopolamine sur le pancréas exocrine de rat : étude comparative de trois modèles de traitement

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Publication date
1984Author(s)
Loiselle, Jacques
Subject
Pancréas--PhysiologieAbstract
Cette recherche a été entreprise afin de vérifier si le tissu pancréatique de rat pouvait être sursensibilisé à un agoniste muscarinique, la carbamylcholine, suite à un traitement à long terme par un antagoniste muscarinique périphérique, le N-méthyl scopolamine (NMS). Des travaux antérieurs ont déjà démontré que la sécrétion et la synthèse des enzymes pancréatiques de même que la croissance du pancréas étaient contrôlées par les hormones gastrointestinales et le système nerveux parasympathique via le nerf vague. La première interaction d'un neurotransmetteur survient au niveau d'un récepteur spécifique. Il est généralement accepté que ces récepteurs peuvent être modulés. En effet, des travaux réalisés par plusieurs chercheurs ont déjà démontré que, suite à des traitements chroniques ou aigus par des agonistes ou des antagonistes spécifiques, les récepteurs muscariniques étaient modulés. Nous avons voulu vérifier si cette modulation se répétait au niveau du pancréas. Nous avons alors traité des rats mâles de 125 g à 150 g avec du NMS à une dose de 25 mg/kg/jour durant 14 jours. Le traitement a été administré soit par infusion intrapéritonéale (i.p.) constante, soit par injection intrapéritonéale une fois par jour ou encore par infusion sous-cutanée constante. Aucun travail à long terme avec le NMS n'ayant été effectué, nous avons, dans un premier temps, évalué les effets de ce traitement sur les poids corporel et pancréatique de même que sur les contenus acinaires pancréatiques en ARN, ADN, protéine, chymotrypsine et amylase. Nous avons ainsi comparé les effets de la drogue administrée par infusion constante i.p. ou par injection quotidienne i.p. Les résultats nous indiquent une diminution des poids corporel et pancréatique plus forte avec l'infusion i.p. constante de la drogue; les diminutions observées au niveau des quantités totales d'ADN et d'ARN furent équivalentes peu importe la voie d'administration de l'antagoniste. Par contre, les contenus en protéines, chymotrypsine et amylase furent augmentés beaucoup plus fortement avec la méthode d'administration par infusion i.p. comparée à celle par injection i.p. Ces données nous ont donc révélé une aplasie pancréatique suite à un traitement à long terme avec le NMS. Cependant, l'hypertrophie observée serait due, à notre avis, à une inhibition de la libération basale des enzymes des acini, ce qui conduirait à une accumulation des enzymes dans la glande. L'inhibition serait causée par un blocage du réflexe entéro-pancréatique vago-vagal. L'avantage de l'infusion i.p. tient au fait que le blocage serait continu sur une période de 24 heures comparé à une présence transitoire du NMS lorsque l'injection i.p. est utilisée. Dans une deuxième partie, nous avons exploré la réponse sécrétoire des acini et les changements biochimiques au niveau de leurs récepteurs muscariniques suite à l'infusion i.p. du NMS durant 14 jours. Les données recueillies ici semblent indiquer une sursensibilisation de la réponse sécrétoire associée à une augmentation du nombre de récepteurs muscariniques sur la cellule acinaire. Or si l'on compare soigneusement ces résultats avec ceux obtenus chez des rats non traités, il semble plutôt que la présence de la mini-pompe dans l'abdomen a causé une désensibilisation de la sécrétion caractérisée par un déplacement vers la droite de la courbe de sécrétion d'amylase associée à une diminution du nombre de récepteurs muscariniques. Le NMS contenu dans les mini-pompes empêcherait cette désensibilisation observée chez les rats témoins ayant des mini-pompes et en supporterait aussi l'hypothèse d'une participation nerveuse au phénomène. L'affinité des sites récepteurs n'ayant pas changé pour la carbamylcholine, nous avons conclu que l'effet du NMS infusé par la voie intrapéritonéale n'a pas causé de sursensibilisation mais plutôt qu'il a corrigé la désensibilisation causée par la minipompe. De plus, cette forme de désensibilisation semble être une étape intermédiaire entre la désensibilisation à court terme et celle à long terme observée aussi dans le pancréas par d'autres chercheurs.
Collection
- Sciences – Mémoires [1729]