Analyse morphologique et cytochimique de l'epithelium duodenal de souris après administration de colchicine

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Publication date
1971Author(s)
Raymackers, Émile
Abstract
Des souris mâles SWR reçoivent intrapéritonéalement une dose de 1? de colchicine par gramme de poids corporel. Les observations de l'épithélium duodénal ont porté sur: - la morphologie des animaux sacrifiés après respectivement 4 heures, 6 heures, 12 heures et 24 heures; - la cytochimie, par la localisation de la phosphatase acide, de l'aryl sulfatase et de la thiamine pyrophosphatase, 6 heures et 24 heures après l'injection; - l'imprégnation osmiée de l'épithélium duodénal après 6 heures et 24 heures de traitement. 1) Morphologie. a) Les métaphases sont arrêtées. Le réticulum de ces cellules en métaphase se dilate jusqu'à isoler le centre de la mitose qui forme un corps caryolytique avec masse chromatinienne excentrique et matériel cytoplasmique reconnaissable sous forme de croissant. La partie périphérique du cytoplasme se rassemble en sphères isolées. Tous ces éléments isolés sont englobés par une cellule saine voisine ou ils subissent un processus de lyse; ils évoluent jusqu'au stade de corps résiduel et constituent donc de véritables vacuoles hétérophagiques. b) Des vacuoles autophagiques sont également observées dans tout l'épithélium. Elles consistent en une zone de dégradation locale du cytoplasme dont certains éléments, probablement des microtubules, dégénèrent. Tous ces différents stades sont observés à 6 heures. Pour les temps supérieurs (12 heures et 24 heures), des mitoses en voie d'achèvement sont fréquentes et 24 heures après l'injection, presque toutes les vacuoles visibles sont dans un état de lyse très avancé. L'effet de la colchicine s'est réduit considérablement. c) Cependant, à ce dernier temps, la présence de leucocytes à inclusions globulaires en dégradation semble caractéristique. La colchicine a pu également léser les microfilaments responsables des mouvements amoeboîdes. Enfin l'accumulation de vésicules golgiennes est constatée. 2) Cytochimie. a) Après 6 heures de traitement, la phosphatase acide est absente de la plupart des citernes golgiennes mais présente dans les vésicules qui les entourent. Les corps lytiques deviennent progressivement positifs en phosphatase acide et paraissent fortement marqués à 24 heures. b) L'aryl sulfatase est visible dans quelques citernes golgiennes après 6 heures de traitement, mais cette caractéristique ne se manifeste plus aux autres temps étudiés. De même les corps lytiques ne sont pas ou très peu positifs. c) La thiamine pyrophosphatase subit une chute d'activité après l'injection. Aux deux temps étudiés, elle diminue jusqu'à disparaître du réticulum endoplasmique et est absente de tout corps caryolytique. Seules les citernes golgiennes montrent une certaine persistance d'activité. 3) Imprégnation osmiée. Elle a été pratiquée sur de nombreux témoins. L'emploi de la préfixation au glutaraldéhyde augmente le nombre des sites d'imprégnation de façon très aléatoire dans les cellules absorbantes. La raison de ces fluctuations n'est actuellement pas connue. Chez les animaux traités, le nombre des cellules cryptales positives augmente légèrement. L'évolution détaillée de la métaphase bloquée est décrite. Nous avons pu déterminer la présence de vacuoles hétéro et autophagiques dans les cellules épithéliales. Un pouvoir phagocytaire de ces dernières est mis en évidence par les vacuoles hétérophagiques résultant de la dégénérescence des métaphases et des leucocytes à inclusions globulaires. L’accumulation de vésicules golgiennes, la présence de phosphatase acide dans celles-ci, et de l'aryl sulfatase dans les citernes golgiennes, la chute d'activité de la thyamine pyrophosphatase dans le réticulum endoplasmique, sont en accord avec l'hypothèse d'un ralentissement général de tous les processus intracytoplasmiques après colchicine. Le déteminisme de l'imprégnation osmiée reste obscur. L'augmentation du nombre de cellules cryptales positives après traitement pourrait s'expliquer par un ralentissement de la migration cellulaire le long des villosités.