Comparaison des effets phamacologiques d'adrénolytiques bêta sur la circulation coronarienne en normoxie et en hypoxie

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Publication date
1971Author(s)
Bonneville, Marcel
Abstract
L'effet de 3 adrénolytiques bêta (propranolol, sotalol et oxprénolol) sur la circulation coronarienne, a été étudié en normoxie (repos) et en hypoxie (stress) sur des chiens anesthésiés. La sélection d'une dose équipotente de ces adrénolytiques bêta est basée sur l'inhibition de l'effet tachycardisant de l'isopropylnoradrénaline (1 µg/kg, i.v.). Au repos, l'administration des adrénolytiques bêta a provoqué une chute significative de la force de contraction, de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle. Cette réduction de l'activité cardiaque est associée à une diminution significative de la consommation myocardique d'oxygène. Simultanément une réduction du contenu artériel d'oxygène, une augmentation de l'extraction d'oxygène et une chute du débit coronarien ont été constamment observées chez les chiens traités au propranolol et au sotalol tandis qu'après l'oxprénolol, ces paramètres ne sont pas modifiés significativement. L'analyse des modifications provoquées par les adrénolytiques bêta sur l'utilisation d'oxygène révèle que le pourcentage de réduction du débit coronarien et de la consommation d'oxygène par le myocarde sont similaires. L'activité cardiaque a été quantifiée â l'aide de l'I.T.T./ min. et du dp/dt: nous avons observé une étroite corrélation entre la réduction (%) de l'I.T.T./min. provoquée par l'administration des adrénolytiques beta et la chute (%) du débit coronarien. Pour une réduction identique de l'I.T.T./min., l'oxprénolol entraîne une diminution moindre du débit coronarien qu'une dose équipotente de propranolol et de sotalol. La consommation de lactate et de pyruvate n'a pas été modifiée par les adrénolytiques bêta; toutefois, l'extraction de ces substrats a été accrue après l'administration de sotalol et d'oxprénolol. Nos résultats suggèrent que la réduction du débit coronarien au repos, résulte de l'inhibition du tonus sympathique présent et surtout des conséquences de cette inhibition sur l'activité cardiaque (effet inotrope et chronotrope négatif). Afin de préciser l'utilité des adrénolytiques bêta dans une condition de stress, une anoxie de même intensité (O2 5%, N2 95% durant 1 minute) a été induite avant et après l'inhibition des récepteurs bêta. Ce stimulus est particulièrement utile pour l'étude de la circulation coronarienne; en effet, ce stress implique une augmentation de l'activité sympathique et une anoxie tissulaire. D’après nos résultats, la réponse du débit coronarien à l'anoxie est modifiée par les adrénolytiques bêta: d'une part, l'augmentation (valeur absolue) est semblable après l'administration d'oxprénolol, inférieure après le propranolol et significativement réduite après le sotalol. La réduction de l'activité cardiaque et de la réponse du système cardiovasculaire au stress après traitement n'explique apparemment pas ces modifications. La composante anoxie tissulaire étant constante, si les effets bêta des catécholamines n'étaient pas impliqués dans la réponse du débit coronarien à l'anoxie, la réponse du débit coronarien ne devrait pas être altérée par les adrénolytiques bêta. Nos résultats indiquent que la régulation du débit coronarien lors de l'anoxie provient en particulier de l'anoxie tissulaire et de l'action des catécholamines. Du point de vue intensité, il semble que l'oxprénolol altère moins le débit coronarien au repos ainsi que la réponse de ce paramétré a l'anoxie qu'une dose équipotente de propranolol et de sotalol. Une propriété intéressante des adrénolytiques bêta se dégage de nos observations. En présence d'un stress (anoxie) de même intensité le myocarde requiert un débit coronarien moindre après l'inhibition des récepteurs bêta. Ce mécanisme pourrait être â la base de l'action thérapeutique des adrénolytiques bêta dans l'angine de poitrine.