Utilité du méthylphenidate pour la réadaptation après un accident vasculaire cérébral

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Publication date
1993Author(s)
Arcand, Marcel
Abstract
Malgré une baisse de mortalité reliée à l'A.V.C. (accident vasculaire cérébral), la morbidité demeure élevée avec des séquelles physiques, intellectuelles et émotionnelles importantes pour les individus atteints. Malheureusement, il n'existe, après l'établissement du dommage cérébral, aucune approche pharmacologique efficace pour améliorer le sort de ces personnes. Depuis une dizaine d'années, des expériences chez l'animal suggèrent que l'amphétamine peut accélérer la récupération fonctionnelle après une lésion corticale. Une seule étude clinique a été réalisée avec I’amphétamine et les quatre sujets traités ont semblé connaître, quelques jours après l'AVC, une amélioration plus rapide de leur hémiplégie que ceux traités par placebo. Nous avons voulu vérifier si les mêmes bénéfices pouvaient être obtenus par un traitement avec méthylphénidate (Ritalin), un psychostimulant semblable à l'amphétamine mais plus utilisé en clinique, chez des victimes d'AVC à une période plus tardive de leur réadaptation. En utilisant le modèle animal ayant servi à démontrer cet effet amphétaminique, nous avons vérifié, dans un premier temps, si le méthylphenidate possède un effet semblable à celui de l'amphétamine sur la récupération motrice après une lésion du cortex sensori-moteur. Nos expériences ont confirmé cette hypothèse tout en mettant en évidence un effet beaucoup plus marqué lorsqu'il y a stimulation motrice en plus du traitement pharmacologique. Dans un deuxième temps, nous avons réalisé un essai clinique randomisé, à double insu et contrôlé par placebo avec méthylphénidate (25 mg/jour pendant sept jours) auprès de 11 victimes d'AVC durant leur phase de réadaptation. Nous n'avons observé à ce stade aucun effet sur la récupération motrice. Par contre, les sujets traités ont semblé présenter moins d'apathie et une meilleure motivation à leur traitement. Malheureusement, les résultats ne sont pas statistiquement significatifs et nous n'avons pu démontrer, en raison de l'hétérogénéité des sujets, un gain fonctionnel supérieur chez le groupe traité. Les résultats de ce projet pilote nous laissent cependant croire en l'utilité potentielle du méthylphénidate chez les sujets plus apathiques d'autant plus que ce traitement n'a engendré aucun effet secondaire significatif.