Variation des concentrations hépatiques en cuivre, en fer et en zinc chez le rat alcoolique : corrélation entres ces variations et la surproduction de radicaux libres hépatiques
Publication date
1992Author(s)
Gauthier, Jean-Jacques
Abstract
Le métabolisme du cuivre hépatique ayant été très peu étudié lors de l'absorption chronique d'alcool, cinq groupes de douze rats chacun (mâles Wistar) ont été soumis à différentes diètes à alcool (1 mois, 2 mois et 1 mois on/1 mois off) et en cuivre (2 mois). L'alcool à 5% est ingéré à partir de l'eau potable et ce, ad libitum. En ce qui concerne le cuivre, une dose toxique d'environ 1.5 mg/rat/jour est aussi ingéré à partir de l'eau potable. De plus, la quantité de nourriture consommée, ainsi que le volume d'alcool absorbé par chaque rat dans chacun des groupes ont été mesurés deux fois par semaine: la variation observée, pour chacune de ces deux mesures, était de moins de 25% entre les différents groupes. Afin de pouvoir déterminer l'effet du cuivre sur le début de la stéatose hépatique, nous avons quantifié certains oligo-éléments hépatiques, notamment le cuivre, le fer et le zinc. Après un mois de diète à l'alcool, la quantité totale de cuivre hépatique est augmentée de 2.5 fois (8.7 mg Cu/g foie sec) par comparaison avec le groupe témoin, mais redescend à un niveau normal après deux mois de traitement à l'alcool. D'autre part, après un mois de diète à l'alcool, les niveaux de fer et de zinc totaux hépatiques diminuent de façon significative. Nous avons aussi mesuré l’activité des protéines suivantes: céruloplasmine (hausse significative, peu importe la diète), glutathion peroxydase érythrocytaire (aucun changement significatif, peu importe la diète), superoxyde dismutase (hausse significative de l'activité enzymatique après un mois de consommation chronique d'alcool). Nous avons aussi mesuré l'activité de la glutamine synthétase hépatique (une enzyme qui est inactivée par la présence de radicaux libres) (baisse significative de l'activité enzymatique après un mois de consommation chronique d'alcool) et cérébrale (hausse significative de l'activité enzymatique peu importe la diète, probablement provoquée par une augmentation de la concentration cérébrale en ammoniaque). Finalement, nous avons mesuré, de façon indirecte et enzymatique, la quantité d'hydroperoxydes hépatiques totaux suivant les différentes diètes. La quantité de radicaux libres présents après une ingestion chronique d'alcool durant un mois, de même que dans le cas du groupe soumis à l'intoxication au cuivre, était significativement plus élevée que celle du groupe de contrôle. D'autre part, nous avons pu, à l'aide de chélateurs spécifiques (bathocuprine pour le cuivre et la déféroxamine pour le fer) déterminer l'ampleur du rôle catalyseur de chacun de ces oligo-éléments dans la production de radicaux libres. Après avoir analysé le pouvoir de chélation de ces deux substances, nous en sommes venus à la conclusion que, du moins en ce qui concerne le cuivre, celui-ci ne semble pas disponible (libre), surtout dans le cas du groupe traité à la diète au cuivre. En conclusion, nous avons pu démontrer que: -L'absorption chronique d'alcool, jumelée à l'intoxication au cuivre qui en résulte après le premier mois, provoque un déséquilibre du métabolisme hépatique des oligo-éléments: hausse significative du cuivre hépatique total ainsi qu'une diminution du fer et du zinc hépatiques totaux et cela sans observer de changements significatifs au tissu hépatique. -On observe une hausse significative de la production des radicaux libres lors de l'absorption chronique d'alcool et aussi lors de l'intoxication au cuivre. Cette hausse est jumelée à une augmentation significative de l'activité de la superoxyde dismutase hépatique (en ce qui concerne le groupe traité à l'alcool pour un mois et celui traité au cuivre) et d'une inactivation significative de la glutamine synthétase hépatique (en ce qui concerne le groupe traité à l 'alcool pour un mois). De plus, on note une augmentation significative de l'activité de la glutamine synthétase cérébrale et ce, peu importe la diète considérée. Finalement, on peut avancer qu'il semble plus que probable que les changements observés dans le métabolisme des trois oligo-éléments que nous avons étudiés sont bels et bien dus à un changement métabolique plutôt qu'à un changement tissulaire.