Critique de la théorie des avantages comparés appliqués aux pays du Tiers-monde

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Publication date
1977Author(s)
McCollough, Bob
Abstract
La situation économique en général des pays sous-développés et leur situation commerciale en particulier ne semblent pas vouloir s'améliorer sensiblement au fil des ans (voir l'avant-propos). On peut même remarquer une très grande distorsion dans les avantages que retirent les pays développés d'une part et les pays sous-développés d'autre part du commerce international. Pourtant, la théorie des avantages comparés, base de la théorie du commerce international, spécifie clairement que les pays qui se spécialisent selon leurs avantages comparés (comme l'ont fait les pays sous-développés) verront leur situation initiale s'améliorer (voir le chapitre I). En scrutant les différentes hypothèses du modèle ricardien (voir le chapitre II), on peut trouver plusieurs raisons à ce paradoxe apparent. Paradoxe apparent puisqu'il est clair pour nous que la spécialisation internationale préconisée par la théorie des avantages comparés défavorise les pays sous-développés. Le paradoxe réapparaît lorsque l'on persiste à croire que la théorie des avantages comparés doit soutenir la théorie du commerce international entre pays développés et pays sous-développés. Cette prise de position nous semble, pour plusieurs raisons, archaïque et irréaliste. En effet, certaines conditions ont changé depuis la première élaboration de cette loi par Ricardo. On a qu'à penser à la mobilité internationale du capital qui presque inexistante au début du siècle précédent ne fait plus de doute aujourd'hui. On a vu au chapitre III avec l'échange inégal d'Emmanuel les implications de la mobilité internationale du capital associée avec l'immobilité internationale du facteur travail. Nous ne croyons cependant pas que l'échange inégal soit la cause essentielle des difficultés des pays du tiers-monde. De plus, la théorie des avantages comparés est appliquée indistinctement aux pays développés comme aux pays sous-développés alors que plusieurs conditions sont totalement différentes. Les hypothèses des coûts constants, de plein-emploi, etc. bien qu'applicables aux pays développés ne le sont pas pour les pays sous-développés. Ce qui fait que là où on peut trouver des avantages pour les pays développés, les pays sous-développés peuvent être désavantagés en se spécialisant selon la théorie des avantages comparés. En fait d'après notre mémoire, la théorie des avantages comparés est néfaste pour les pays sous-développés. Ce serait vouloir faire l'autruche que de nier que l'application de la théorie des avantages comparés produise les memes conséquences pour les pays développés que pour les pays sous-développés. Aussi, nous parait-il impérieux que la théorie des avantages comparés soit remise à la place qui lui convienne c'est-à-dire qu'il faut la considérer comme une explication très valable de la spécialisation : internationale actuelle mais qu'il faudrait cesser de la considérer comme la théorie modèle à appliquer pour que tous les partenaires commerciaux y trouvent satisfaction. Cette remise en question de la théorie des avantages comparés est le premier pas qu'il faut franchir pour une meilleur compréhension des solutions à apporter aux problèmes du tiers-monde.