Stratégies d'adaptation et engagement conjugal chez des adultes en couple ayant vécu un avortement spontané

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Publication date
2018Author(s)
Huot-Laurendeau, Franke
Subject
Avortement spontanéAbstract
L’avortement spontané (fausse couche) représente 15 à 25 % des grossesses, ce qui en fait la complication en contexte de grossesse la plus fréquente (Brier, 2008). Cette perte périnatale et le deuil qui en découle peuvent être associés à des difficultés psychologiques pour l’individu telles l’anxiété et la dépression, mais ils peuvent aussi entrainer des perturbations significatives dans la relation de couple, notamment au niveau de la communication et du soutien entre les partenaires. Des études ont mis en lumière les stratégies d’adaptation pouvant être utilisées pour s’adapter à un tel événement, mais aucune étude ne semble avoir exploré les liens entre les stratégies utilisées par les partenaires en situation de fausse couche et le degré d’engagement dans la relation de couple, une composante centrale du fonctionnement conjugal en contexte de période difficile. Les visées de cette étude quantitative était donc : 1) de décrire l’expérience d’hommes et de femmes ayant traversé un avortement spontané au regard de ces variables; 2) d’explorer les liens entre les stratégies d'adaptation individuelles (orientées vers la perte et orientées vers la restauration) et dyadiques (positives et négatives) utilisées par des adultes en couple pour s’adapter à la perte et leur engagement conjugal (engagement optimal, surengagement, sous-engagement) et; 3) d’explorer les liens entre les stratégies d’adaptation à la perte et la perception de changement de l’engagement conjugal suivant la fausse couche. Pour ce faire, 56 adultes, soit 46 femmes et 10 hommes en couple et en cohabitation avec leur partenaire ayant vécu une fausse couche dans la dernière année, ont répondu à des questionnaires auto-administrés en ligne. Chez les hommes, seules des analyses descriptives ont été menées, en raison de la faible taille échantillonnale. Les analyses de régression linéaire multiple réalisées auprès des femmes ont montré que toutes les échelles d’adaptation dyadique positives sont liées positivement à l’engagement optimal et que l’échelle d’adaptation dyadique négative y est liée négativement. Les différentes échelles d’adaptation dyadique et les stratégies d’adaptation individuelles ne sont pas liées au surengagement, excepté la stratégie d’adaptation individuelle orientée vers la perte qui présente un lien positif avec ce mode d’engagement. L’échelle d’adaptation dyadique négative est liée positivement au sous-engagement et les échelles d’adaptation dyadique positives y sont liées négativement, excepté l’échelle d’adaptation dyadique de soi. Des corrélations négatives ont été observées entre l’échelle d’adaptation dyadique négative et la perception d’une hausse de l’engagement conjugal à la suite de la fausse couche, alors que les échelles d’adaptation dyadique positives, excepté l’échelle d’adaptation dyadique de soi, sont reliées positivement à cette perception. Globalement, les résultats suggèrent que la manière dont le stress est géré par les partenaires ensemble suivant la fausse couche (adaptation dyadique) est associée à la manière dont s’engagent les femmes dans leur relation de couple à la suite de cette épreuve. Les implications cliniques de ces résultats, comme l’importance de sensibiliser les partenaires du couple au lien entre le type de stratégies d’adaptation qu’ils privilégient et leur fonctionnement conjugal à la suite de la fausse couche, sont présentées dans la discussion, accompagnées de pistes de recherches futures à la lumière des forces et limites de l’étude.
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