Donner lieu(x) au pouvoir : mobilité géographique et agentivité au féminin dans quatre romans québécois contemporains

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Publication date
2018Author(s)
Comtois, Charlotte
Subject
Mobilité géographiqueAbstract
Depuis les années 1980, les géographes féministes entreprennent de mettre la lumière sur les divergences entre les expériences spatiales des hommes et des femmes, soutenant que dans nos sociétés, l’ordre spatial traditionnel assignant la sphère publique au masculin et la sphère privée au féminin demeure prégnant sur le plan symbolique. Les géographes féministes soulèvent notamment les effets limitatifs du découpage genré des espaces sur les potentialités mobiles des femmes, et partant, sur leurs possibles identitaires. Or malgré l’empreinte réelle de l’ordre patriarcal sur les espaces sociaux, il apparaît que les femmes jouissent aujourd’hui d’une grande mobilité. L’ascendant qu’elles exercent sur la sphère publique se révèle ainsi ambivalent. Considérant que la production littéraire traduit autant qu’elle commente les relations socio-spatiales, il s’avère pertinent d’étudier les représentations des mobilités au féminin émergeant alors que se renégocient les espaces et les pouvoirs y recelant. Le présent mémoire s’intéresse conséquemment aux représentations des relations socio-spatiales dans quatre romans québécois publiés entre 2001 et 2015 : Rouge, mère et fils de Suzanne Jacob (2001), Soudain le Minotaure de Marie-Hélène Poitras (2002), Pute de rue de Roxane Nadeau (2003) et Six degrés de liberté de Nicolas Dickner (2015). Étant donné que les espaces sous contrôle patriarcal sont chargés de discours qui tendent à circonscrire la mobilité des femmes – en glorifiant la figure de la fée du logis, en représentant le dehors comme une menace –, quitter la demeure paraît signaler une certaine émancipation des pouvoirs patriarcaux, du moins symboliquement. Cette recherche a pour objectif de déterminer si les représentations de la mobilité au féminin sont bien synonymes d’agentivité, et, par extension, de cerner quels pouvoirs sont en jeu dans les espaces dépeints dans chacune des œuvres étudiées. À travers un cadre d’analyse féministe et constructionniste, élaboré à partir de théories portant sur l’identité de genre (Butler), sur l’agentivité (Havercroft), sur la sexuation spatiale (Massey) et sur les représentations de la mobilité géographique (Ganser), y sont examinés de manière concomitante les manifestations des pouvoirs (de genre, de race, de classe) dans les espaces fictifs ainsi que les modes d’agir des personnages féminins à l’égard de ces derniers. L’analyse intersectionnelle des relations entre espaces et personnages dans les quatre romans à l’étude, faisant chacun l’objet d’un chapitre, permet entre autres d’avancer que la circulation spatiale des personnages féminins se conjugue le plus souvent avec une émancipation des pouvoirs sociaux entravant leurs libertés. Apparaît également qu’en entrant en relation avec l’extérieur ainsi qu’avec d’autres personnages se mouvant au-dehors, les personnages féminins s’ouvrent à de nouvelles avenues identitaires.
Collection
- Moissonnage BAC [3206]
- Lettres et sciences humaines – Mémoires [2266]
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