Une nouvelle messe fraternelle à Drummondville

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Publication date
1971Author(s)
Maurice, Normand
Abstract
La présente étude concerne une expérience de renouveau liturgique entreprise par quelques étudiants dans une petite ville de province. Conscients de ce que les jeunes de l'endroit se désintéressaient des célébrations liturgiques et en particulier de la messe, ils décidèrent d'organiser une messe plus vivante, c'est-à-dire qui réponde aux besoins des personnes présentes et qui tienne compte davantage de leur personnalité. Ils ont d'abord modifié certains gestes, ils en ont introduits de nouveaux. Puis l'expérience les a conduits à rechercher une communauté véritable, communauté qu'ils ont créée en demandant aux gens de s'approprier ces rassemblements auxquels ils participaient. S'approprier, cela veut dire faire sien ce qui est dit, soit par la parole, soit par le geste, et en retour, le rendre soi, c'est-à-dire devenir d'un apport essentiel à la célébration. Cet apport avait d'abord consisté à accueillir les gens, servir le café, préparer la messe, faire les lectures, etc... Cela demeurant le fait de quelques-uns, on incita les gens à s'accueillir entre eux. Dès lors chacun se sentit attendu, donc concerné. La célébration liturgique elle-même demeurait un peu étrangère au rassemblement. On permit donc à chacun de s'exprimer, de prendre la parole. Cette prise de la parole fut le véritable moteur d'une triple appropriation. Les participants s'approprièrent d'abord les gestes religieux; ils s'efforcèrent de saisir le sens des gestes existants puis ils les transformèrent en fonction d'eux-mêmes. Ils s'approprièrent ensuite la morale, c'est-à-dire que chacun fut amené à trouver pour lui-même le comment de l'amour dans sa vie. Enfin, ils s'approprièrent le contenu de leur foi. Ils se mirent à penser ce qu'ils avaient cru jusque-là de façon souvent mécanique; ils ne craignirent pas d'exprimer cette pensée et de la voir critiquée ou partagée. Ainsi, ayant d'abord désiré changer la liturgie, ils en sont venu à une liturgie du changement, c'est-à-dire une liturgie spontanée, improvisée, toujours nouvelle comme le Dieu qu'elle célèbre et la communauté qu'elle rassemble.