Foi et engagement au Québec : évolution de leur rapport de 1960 à 1974

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Publication date
1975Author(s)
Beauregard, André
Abstract
Cette recherche, intitulée "Foi et engagement au Québec", s'inscrit dans un projet plus large, amorcé depuis deux ans. Ce projet vise à déterminer les caractéristiques de la réflexion théologique "québécoise". Diverses recherches portant sur des sujets qui ont fait l'objet d'investigations dans des revues québécoises tels l'Église, les sacrements, la morale familiale, ont été entreprises pour réaliser ce projet. Notre thème "Foi et Engagement" a suscité ces dernières années, une littérature abondante qui a montré avec évidence la difficile compréhension de leur rapport. Les situations d'injustices sociales de plusieurs pays de l'hémisphère sud ont provoqué la conscience de certains théologiens occidentaux et les ont invités à chercher un discours cohérent expliquant les attitudes de dénonciation, de contestation et même de révolution, prises par des chrétiens engagés. De nouvelles théologies sont nées: théologie politique, théologie de la libération, théologie de la révolution... Même si le Québec a connu et connaît des situations d'injustices, celles-ci n'ont pas atteint un point critique. D'ailleurs l'Église, par l'Action Catholique et d'autres oeuvres, était présente aux situations des plus démunies. Elle avait la tutelle sur presque tous les domaines de la vie socio-culturelle du Québécois. Baignant dans un contexte religieux, ce dernier n'avait pas a chercher le lien entre sa foi et son action c'est pourquoi l'aspect ecclésiologique est constamment présent dans ce mémoire. Dans les années '60, cette cohérence et cette stabilité sont fortement remises en question. La sécularisation ébranle les structures et la mission de l'Église et amorce les phénomènes de décléricalisation, de laïcisation, de déchristianisation ... au nom de valeurs comme le pluralisme, l'autonomie, la responsabilité, la liberté... la distance prise par l'État vis-à-vis l'Église pose de nouvelles exigences comme l'acceptation de leur domaine réciproque, la collaboration, etc. Une nouvelle réflexion théologique au sujet du rapport "foi et engagement" surgit de ce contexte social. La période que nous avons choisie, située entre 196O et 1974, marque une évolution rapide dans la compréhension de ce rapport. L'engagement du chrétien ne concorde plus avec l'enseignement reçu de l'Église. Au croyant et au non-croyant s'ajoute le troisième homme; le croyant non-pratiquant. Un fossé s'élargit de plus en plus entre l'Église hiérarchique et les "chrétiens-en-action". L'Église du Québec, de son coté, doit trouver un type de présence pastorale qui lui est propre. Elle doit chercher où nommer ce rapport nouveau entre la foi et l'engagement du chrétien. Certes l'Action Catholique avait ouvert des voies, mais celles-ci ne suffisent plus. C'est l'évolution de ce rapport "théologique" entre la foi et l'engagement qui sera l'objet de notre reflexion.