Essais sur les conséquences des chocs de revenus tirés des ressources naturelles : le cas des finances publiques et de l'économie politique

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Publication date
2018Author(s)
Eklou, Kodjovi
Subject
Malédiction des ressources naturellesAbstract
Les pays riches en ressources naturelles ne sont pas nécessairement les plus prospères. Le fait que la richesse en ressources naturelles puisse conduire à l'appauvrissement est connu sous le nom de «malédiction des ressources naturelles». Ce constat continue d'être l'objet de plusieurs discussions et recherches scientifiques en économie. Cette thèse s'inscrit dans ce champ de recherche.
Notre thèse poursuit deux grands objectifs. Le premier consiste à explorer la manifestation de la malédiction des «ressources naturelles» dans le contexte des finances publiques. Quant au deuxième objectif, il s'agit de proposer un nouveau mécanisme et donc une nouvelle explication de la «malédiction des ressources naturelles». Par ailleurs, la méthodologie utilisée dans cette thèse combine une approche empirique (utilisation des données) avec une modélisation théorique.
En ce qui concerne le premier objectif, celui d'explorer la manifestation du phénomène en matière des finances publiques, deux composantes sont considérées : la politique fiscale d'une part et les dépenses publiques d'autre part. Dans la poursuite de cet objectif, nous examinons aussi le rôle potentiel de certaines politiques pour atténuer le phénomème observé. Ainsi, quant aux politiques fiscales, les principaux résultats se résument comme suit : les chocs positifs de revenus tirés des ressources naturelles tendent à réduire l'effort de collecte des recettes fiscales. Toutefois, cette constatation nommée la «malédiction des revenus» est atténuée par une fiscalité progressive. Ensuite, en ce qui concerne les dépenses publiques, la richesse en ressources naturelles tend à exacerber le comportement d'accroissement des dépenses publiques en période électorale. Par ailleurs, alors que des institutions budgétaires visant à limiter les excès en matière budgétaire sont efficaces pour limiter ces dépenses en général, il ne semble pas qu'elles puissent l'être dans le contexte de pays riches en ressources naturelles.
En poursuivant le deuxième objectif, celui consistant à proposer une nouvelle perspective sur les causes profondes de la «malédiction des ressources naturelles», nous utilisons une approche d'économie politique. Notre thèse s'appuie ainsi sur les travaux de recherche établissant que le niveau d'éducation des leaders nationaux est un déterminant important des performances économiques. Notre hypothèse de recherche est la suivante : si les leaders nationaux éduqués tendent à influencer positivement la croissance économique, alors les booms de ressources naturelles auraient tendance à induire une mauvaise performance économique, si elles favorisent l'arrivée au pouvoir de leaders moins éduqués. La méthodologie employée combine une analyse empirique avec une modélisation théorique. Les principaux résultats démontrent qu'en effet, les chocs positifs de prix des ressources naturelles tendent à réduire de manière significative la probabilité de sélectionner un leader national ayant un niveau d'éducation universitaire. Toutefois, une exploration approfondie montre que le résultat ne tient que dans les pays en développement avec une forte fragmentation ethnique (avec une grande diversité ethnique). Un modèle théorique permet d'expliquer ce résultat par un jeu d'interactions entre les groupes ethniques et les candidats aux élections, qui résulte en une désincitation des citoyens avec un haut niveau d'éducation à se porter candidats.
En somme, la «malédiction des ressources naturelles» peut se manifester aussi soit par un faible effort fiscal ou par des dépenses publiques importantes en période électorale. Cependant, cette manifestation en matière de recettes fiscales n'est pas une fatalité car notamment les pays qui mettent en place une fiscalité progressive arrivent à atténuer la malédiction des revenus. Par ailleurs, la faible capacité à lever des recettes fiscales ainsi que la mauvaise allocation des ressources publiques, notamment les dépenses publiques en période électorale, pourraient être le reflet d'une compétence limitée des leaders nationaux. En effet, les pays en développement qui sont riches en ressources naturelles, en particulier ceux caractérisés par une forte fragmentation ethnique, tendent à sélectionner des leaders peu compétents pour faire les choix des politiques publiques. Abstract : This thesis investigates the consequences of windfall revenues in developing countries with a specific focus on the linkages with public finance and political economy. First, I consider two different but closely related aspects of public finance which are taxation and public spending. Regarding the political economy side, I analyze how resource windfall shocks can affect political selection. Chapter 1 investigates the causal effect of natural resource rent windfalls on tax revenue collection effort in developing countries both with theory and data. The dependency on natural resources is an obstacle to the sustainability of government revenues especially in developing countries. This paper firstly investigates whether resource windfall shocks cause less tax effort in developing countries. Second, it explores the potential mitigating role of the progressivity of the tax system. In this regard, a dynamic framework predicts that a resource-rich country with a progressive income tax has more incentives to invest in its ability to raise tax revenues. The intuition is that the progressive tax system allows the government to collect more taxes (especially on high incomes). My empirical analysis covers a sample of 57 developing countries over the period 1981-2005. I tackle the endogeneity of natural resources rents by using an instrumental variable approach. I construct a countryspecific natural resource price index and exploit its growth rate as an instrument. The results show that an increase in resource rent windfalls of $1 leads to a reduction in domestic tax revenues by $0.25. My point estimate is remarkably close to the estimate found in a previous work based on the United States. Yet, at a level of progressivity equivalent to twice the sample average, an increase in resource rent windfalls of $1 reduces domestic tax revenues by only $0.14. These findings suggest that income tax reforms toward progressivity may help resource-rich developing countries enhance their fiscal capacity. Chapter 2 examines the effect of elections on public spending behavior in developing countries with an evaluation of the causal effects of particular fiscal institutions which are fiscal rules (“permanent constraint on fiscal policy in terms of a summary indicator of fiscal performance”). Many developing countries have adopted fiscal rules but the weak enforcement capacity of these countries may cast a doubt on the ability of these rules to improve fiscal discipline. This chapter estimates the causal effect of fiscal rules on political budget cycles in a sample of 67 developing countries over the period 1985-2007. We exploit the geographical pattern in the adoption of fiscal rules to isolate an exogenous source of variation in the adoption of national fiscal rules. Based on a diffusion argument, we use the number of other countries in a given subregion that have fiscal rules in place to predict the probability of having them at the country level. We find that in election years with fiscal rules in place, public consumption is reduced by 1.65% point of GDP. Furthermore, the effectiveness of these rules depends on their type, their institutional design, whether they have been in place for a long time and finally on the degree of competitiveness of elections. These results are robust to an augmented empirical strategy with an additional instrument that allows us to test for over-identifying restrictions. We also find that political budget cycles are particularly strong in resource-rich countries. However, we did not find any robust effect of fiscal rules in this regard. Our results have precise policy implications regarding the design of fiscal rules in order to curb politically motivated public spending in developing countries. Chapter 3 analyzes the effect of oil price shocks on the quality of selected national leaders measured as their level of education. I use a unique dataset covering more than 700 national leaders from 111 countries over three quarters of a century to examine the relation between oil price shocks and the selection of educated national leaders. I find that positive oil price shocks significantly reduce the probability of selecting a national leader with a high level of education (by up to 21 percent) in oil countries : what I named a ‘leadership curse’. Moreover, it is particularly pronounced in countries under presidential regimes, those with a proportional voting rule and is present only in ethnically fragmented developing countries. I propose a theoretical framework to shed light on this latter finding. The model features the interaction between a prospective national leader and a coalition of ethnic chiefs. The coalition offers an electoral support to a candidate in exchange for future favors once the latter takes office. Also, in order to guarantee that the new leader respects the deal, the coalition specifies a threat of coups or revolution. A positive oil price shock makes this threat (which is similar to a tax on the reward from office) credible. This situation therefore deter the candidacy of highly educated citizens who prefer to stay in the private sector. These findings suggest that natural resources may hamper economic development by reducing the chances of selecting competent leaders as previous empirical evidence (Besley et al. 2011) shows that educated leaders matter for economic growth.
Collection
- Moissonnage BAC [4459]
- École de gestion – Thèses [104]