The fantastic worlds of Alistair Macleod and Michel Tremblay

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Publication date
1992Author(s)
Fonda, Nick
Abstract
Est-il possible de comparer des œuvres si différentes que celles d'Alistair MacLeod et de Michel Tremblay? Le mémoire vise à démontrer non seulement la possibilité, mais aussi la pertinence d'une telle comparaison. MacLeod, l'écrivain du Cap Breton, a publié quinze contes. Tremblay, son homologue contemporain québécois, a publié une vingtaine de pièces de théâtre, de contes, quelques scénarios de film, huit romans et un livret d'opéra. Nous allons démontrer qu'en dépit de cette disproportion, deux principaux parallèles peuvent être établis entre leurs œuvres. D'une part les deux auteurs ont créé des mondes littéraires très réalistes dans lesquels se manifeste par ailleurs le fantastique. D'autre part, tous deux expriment, par le biais du fantastique, leur préoccupation pour la survie de leur peuple respectif. Le premier chapitre est consacré à l'examen critique du fantastique comme genre littéraire. Les théories contemporaines de l'américain Rabkin et du français Todorov retiendront particulièrement notre attention. Selon Rabkin, contrairement au non pertinent et à l'imprévu (les deux genres voisins entre lesquels il le situe), le fantastique naît de l'étonnement éprouvé lorsque les règles implicites présidant à la lecture basculent ou, pour reprendre son expression, sont retournées de 180 degrés. Quant à Todorov, il situe le fantastique entre l'étrange (qui s'explique par les lois naturelles) et le merveilleux (qui suppose l'existence d'un mode surnaturel). Le fantastique constitue ainsi un genre éphémère qui n'existe qu'à la condition que le lecteur soit dans l'incertitude, ayant à choisir entre une explication réelle (l'étrange) ou surnaturelle (le merveilleux). Nous montrerons que malgré leurs différences, ces définitions sont convergentes en égard notamment à l'importance du temps et aux frontières définitions du fantastique. Au chapitre suivant, il sera question des contes d'Alistair MacLeod. Ceux-ci ont été très bien reçus par la critique canadienne et étrangère ainsi que par le public. Ces contes traitent presqu'exclusivement des trois "vies" de I'lle du Cap Breton: labourer la terre, pêcher dans la mer, exploiter le charbon. Les histoires de MacLeod sont peuplées par des gens pauvres mais fiers, forts et courageux. En contact avec la terre, ils sont aussi en contact avec la mort foudroyante, fulgurante engendrée par des métiers dangereux. La première collection de MacLeod, The Lost Sait Gift of Blood (1976), est dominée par le thème du départ. Dans presque chaque histoire, MacLeod présente des hommes qui doivent quitter leur terre ancestrale. Le minerai de charbon est épuisé, la petite ferme familiale n'est plus rentable, le poisson est désormais péché par des navires-usines qui viennent de loin. Dans la deuxième collection. As Birds Bring Forth the Sun (1986), le thème du départ cède la place à celui de la mort. Souvent les histoires sont narrées par des hommes qui ont quitté le Cap Breton, des exilés économiques qui se rappellent avec nostalgie leur pays natal. L'analyse mettra en lumière le fait que, surtout dans sa toute dernière histoire, "Island", la mort de l'individu symbolise celle du Cap Breton.