L'écriture et la référence à la mère

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Date de publication
1989Auteur(s)
Mongeon, Johanne
Résumé
Lorsque j'ai amorcé cette démarche d'écriture, le désir qui m'a d'abord aiguillonnée était sous-tendu par le besoin fondamental que je ressentais de dire les choses que je connaissais intimement dans un langage à l'intérieur duquel tous mes morceaux s'imbriqueraient. Ce besoin m'a poussée à entreprendre cette recherche sur la mère, les mères, biographiques, mythiques, mères nourricières de mon imaginaire et de mon quotidien. J'ai voulu suivre l'itinéraire de mes racines-mères, de chair et de culture, entrer en communication directe avec elles, les raconter et les obliger à livrer leurs fruits pour que naissent des fictions. À l'origine de cette thèse, il y avait un rêve de collusion théorie-fiction qui me hantait. Je me suis laissé habiter par ce rêve et j'ai plongé. L'objectif premier de cette recherche était de poursuivre une démarche en création littéraire par l'écriture de trois textes dramatiques illustrant chacun un univers particulier autour du personnage de la mère. Ces trois textes ont constitué le volet fiction de ma thèse; celui-ci a été doublé d'un volet théorie à l'intérieur duquel j'ai développé, dans un essai, une problématique autour de l'écriture et la référence à la mère (mythique-réelle). Les trois textes du volet fiction ont été écrits dans une période de trois ans. Dans le premier de la série, Judith, m'entends-tu?, mettant en scène une fille et sa mère (morte), j'ai voulu montrer comment une relation mère-fille n'échappait que très difficilement à la symbiose, la séparation entre une mère et sa fille (du fait de leur sexe identique, donc de leur ressemblance) ne s'accomplissant qu'en partie. Le second texte, Embrasse-moi, a été écrit à la suite d'une recherche sur le quotidien des femmes québécoises durant la guerre 39-45. Par un retour au passé, les membres d'une même famille exécutent à leur façon le débarquement en Normandie; la mère et la fille se rejoignent dans un univers où l'intrusion d'un tiers (le père, accompagné des frères) transforme la dynamique de leurs rapports. Pour ce qui est du troisième texte, Jocaste qui comme Ulysse, trois générations de femmes (la grand-mère, la mère et la fille) partent en voyage dans le but d'outrepasser les limites de leur captivité…