Écrire (dans) la langue maternelle : psychanalyse et fiction

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Publication date
1989Author(s)
Pesant, Ghislaine
Abstract
Bien que dans le présent travail l'objet visé ait été d'approcher un savoir à propos de la langue maternelle, il s'est vite retourné en une exploration subjective. L'objectif est devenu éminemment subjectif, consistant à indiquer le parcours d'un savoir qui se cherche, il n'y a pas de savoir donné, sinon lorsqu'on imagine un savoir idéalisé. Un savoir dont l'Autre serait le dépositaire. Pour être en train de faire l'expérience de l'inconscient et de ses effets, mon espace, mon cadre de recherche ne pouvait être autre qu'analytique. Or il est dans la nature de la pensée analytique d'être déstabilisatrice. Je n'entends donc pas parler ici ex professa. On n'attendra pas de ce travail de recherche qu'il soit convaincant, probant. Qu'il soit non pas raisonnant mais bien plutôt résonnant, qu'il entre en résonance avec d'autres expériences personnelles. Tel est mon souhait. Comme préalables m'ayant menée à cette recherche, je veux mentionner, d'une part, mon travail de terminologue à l'Office de la langue française où j'ai trouvé à satisfaire mon surmoi linguistique à cause notamment de la mission normalisatrice de cet organisme d'État. J'y suis en contact quotidien avec une approche terminologique et grammaticale de la langue, approche on ne peut plus normative. Mais j'y ai aussi entretenu auparavant un rapport lexicographique, onomasiologique avec la langue, consistant en un travail de dénomination et de définition dans le domaine des langues de spécialité, le droit notamment. D'autre part, parallèlement, en « side-line », si je puis dire, j'accomplis mon travail poétique avec la langue, travail de survie, pour arriver à « joindre les deux bouts ». Cette passion de la langue m'aura menée à la passion de la psychanalyse. Les deux recueils que j'ai publiés portent - je m'en rends compte après coup - des titres qui préparaient joliment à cette question de la langue maternelle : Outre-mère I et Matières. Contre toute apparence, il y a aussi dans ce dernier titre la mère, dans la matière même du mot : mater.