IMPALA (Les filles d'Électre : le lien entre la littérature et la maternité. Essai et fiction.)

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Publication date
1994Author(s)
David, Carole
Abstract
À l'origine, il y avait cette question qui me hantait depuis toujours : Quel est le rapport des femmes à la création? La solitude m'apparaissait alors comme une condition sine qua non pour pouvoir en arriver à produire une oeuvre. Fallait-il pour autant renoncer à la vie amoureuse, professionnelle? Je cherchais des modèles, une manière de travailler, des influences. Devais-je renoncer à mes rêves? Au moment même où je publiais mon premier livre, j'appris que j'étais enceinte. Cette réalité me confrontait avec encore plus d'acuité à cette épineuse question. D'aussi loin que remontaient mes souvenirs, j'avais gardé des femmes écrivaines deux images bien distinctes: d'un côté, la jeune femme célibataire, fragile, éternellement adolescente, Anne Hébert et les soeurs Brontë en étaient les dignes représentantes; de l'autre, la femme dure autoritaire, vivant en couple mais sans enfant, comme Simone de Beauvoir. Entre les deux, des images en demi-teintes: Sylvia Rath, Virginia Woolf, Katerine Mansfield, Unica Zörn. Non seulement, il était difficile d'écrire quand une femme vivait en couple avec un autre créateur, mais il y avait aussi des enfants qui venaient s'ajouter, ce qui ne faisait que souligner encore plus les conflits entre l'art et la vie. Il est vrai que le discours féministe, dans les années soixante-dix, avait glorifié la maternité et l'image de la mère en parlant peu toutefois de ce qui arrivait après la naissance. [...]