Une lecture de l'amour la poésie de Paul Éluard

Visualiser/ Ouvrir
Date de publication
1974Auteur(s)
Poulin, Gabrielle
Résumé
Une lecture attentive de l'Amour la -poésie, -- plus précisément des soixante-cinq poèmes de "Premièrement", "Seconde Nature" et "Comme une image", les trois parties inédites du recueil au moment de sa publication, --- permet de découvrir non seulement la richesse individuelle des images éluardiennes, mais aussi leur enchevêtrement étroit à tous les "éléments" du poème ; non seulement la beauté vivante et tragique de chaque poème, mais également le lien organique qui fait de chacun d'eux une étape nécessaire dans une aventure qui présente toutes les caractéristiques d'une exploration intérieure. Seule une extrême tension, celle-là même qui garde la main aux confins de la caresse et de l'écriture, peut maintenir ainsi juxtaposés l'amour et la poésie. Refaire le chemin tracé par le poète, pénétrer dans les demeures secrètes qu'il a traversées, ces demeures dont les poèmes ont conservé l'empreinte, c'est aller aux sources de cette tension créatrice. Dans "Premièrement", Éluard ne fait pas que raconter l'éloignement de la femme aimée, il poursuit l'image de celle-ci à travers sa poésie, véritable "bouche d'alliance", de qui il attend l'impossible réunion des amants. La vie en poésie, une poésie délestée de l'amour, ne peut plus être pour Eluard qu'une vie diminuée, l'existence du solitaire, qui, revêtu d'une "seconde nature", interroge l'espace de ses poèmes comme les murs blancs et vides d’une prison; peu à peu, toutefois, des mots s'associent, des images se forment, comme dans la fièvre ou dans les songes. Dans "Comme une image", Éluard écoute ces -mots, scrutent ces images étranges; une subtile ironie enveloppe les poèmes de cette troisième partie et trahit une certaine désaffection envers les méthodes surréalistes. Cependant, parmi les ombres laissées par ces images décevantes, le poète commence à discerner celles qui le ramèneront lentement vers la vie et lui feront découvrir la fraternité humaine. A travers la "désensibilisation" qui lui a été imposée, la poésie éluardienne s'achemine vers l'universalisation qui, paradoxalement, ranime chez le poète le goût du réel, du concret, de la "vie immédiate". L'Amour la poésie retrace l'aventure d'un homme désespéré et déchiré entre l'amour et la poésie, entre le réel et l'imaginaire, d'un homme à qui la poésie merveilleusement redonne, avec l'amour, le goût et la passion de la vie.