Another Beautiful Sunday : traduction de Les beaux dimanches de Marcel Dubé

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Publication date
1996Author(s)
Sharpe, Marc-André
Abstract
Ce mémoire met en valeur le dramaturge québécois Marcel Dubé par la traduction d'une de ses pièces de théâtre les plus populaires. Les Beaux dimanches publié en 1968. Dubé est considéré par plusieurs critiques comme étant l'un des auteurs les plus importants au Québec. Certains, comme James Noonan, le considèrent même comme étant « the most published and successful dramatist in Québec ». La qualité de son oeuvre est telle, selon Noonan, que Dubé « is probably the best Canadian dramatist wxiting in English or French » (214). Cependant, malgré ce commentaire très élogieux de M- Noonan, la renommée de Marcel Dubé ne semble pas avoir dépassé les frontières du Québec. Le but de cette traduction est donc de présenter aux Canadiens-anglais Les Beaux dimanches et par le fait même de mieux faire connaître son auteur, Marcel Dubé, que plusieurs considèrent comme un des fondateurs, avec Gratien Gélinas, du théâtre moderne québécois. Les anglophones ont d'abord fait connaissance avec Marcel Dubé lorsque certaines de ses pièces, telles que Au Retour des oies blanches et Dites-le avec des fleurs, dirent traduites en anglais. Cependant, les amateurs de théâtre Canadiens-anglais connaissent maintenant beaucoup mieux un autre auteur québécois, Michel Tremblay, dont au moins huit pièces et plusieurs romans ont été traduits en anglais. La notoriété de Michel Tremblay fait, en quelque sorte, ombrage à Marcel Dubé, dont l'oeuvre est reléguée au second plan. J'ai choisi Les Beaux dimanches parce que cette pièce aborde plusieurs thèmes universels: l'ennui, le manque de communication, la lutte de l'individu contre la société et la peur de la solitude. La pièce met aussi en relief un sujet d'une actualité indéniable: la crise linguistique, en plus de faire revivre l'atmosphère qui régnait au Québec durant les années 1960. Plusieurs des propos des personnages préfigurent ce qui se passera durant les années 1970, 1980 et même ce qui se passe aujourd'hui. On se trouve plongés dans l'atmosphère fébrile qui a caractérisé la fondation du Parti Québécois (1968), la Crise d'octobre, les référendums de 1980 et de 1995 et le triomphe électoral du Bloc Québécois aux dernières élections fédérales de 1994. Les Beaux dimanches donne à voir une nouvelle classe en émergence dans la structure sociale du Québec d'alors, les parvenus, ces gens issus de familles pauvres qui ont réussi à grimper dans l'échelle sociale grâce au boom économique d'après-guerre au Québec. Avec l’arrivée de cette nouvelle richesse, les priorités des personnages changent. Avant la deuxième guerre mondiale, le désir de la plupart des Québécois était de plaire à Dieu afin d'accéder au paradis à la fin de leurs jours. Pour les parvenus représentés par Dubé, la religion occupe une place moins importante que l'argent, et pour les enfants de ces parvenus, incarnés dans la pièce par Dominique et Etienne, la religion ne signifie à peu près rien; leur seule préoccupation est de changer les structures politiques et sociales d'un Québec qu'ils jugent sclérosé. Dans Les Beaux dimanches. Dubé dissèque une génération de discoureurs et non de bâtisseurs, alors que celle qui lui succède agit selon ses propres convictions. Quoique la pièce ait paru il y a trente ans, elle aborde des questions qui sont toujours dans l'actualité: la souveraineté du Québec, l'avortement, le sexisme, le racisme. Une autre bonne raison de traduire cette pièce est que le théâtre des années 1960 et 1970 s'avère aujourd'hui plus populaire que jamais. Plusieurs pièces de cette époque font peau neuve et gagnent de nombreux admirateurs chez la classe de gens qui prise les chefs-d’œuvre des époques révolues. Les classiques, somme toute, sont toujours à la mode: autant Les Belles soeurs de Michel Tremblay que Les Beaux dimanches de Marcel Dubé. Traduire Dubé a été pour moi un défi de taille, mais c'est un défi que j'ai relevé avec plaisir, et dont je sors manifestement enrichi.