Les regards de l'enfance (étude du Fils du pauvre de Mouloud Feraoun et de L'avalée des avalés de Réjean Ducharme)

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Publication date
1994Author(s)
Aboury, Hassan
Abstract
L'intérêt du regard puise sa source dans la communication et le dialogue qu'il permet aux gens d'effectuer entre eux. Cette fonction visuelle s'avère intéressante dans la mesure où elle est ambivalente et variable: le regard peut être, dans certains cas, témoin comme il peut être juge. Cela dépend forcément des circonstances extérieures qu'elles soient familiales ou sociales. Le fait de pouvoir attribuer au regard un caractère subjectif nous permet d'énumérer une pluralité de ses caractéristiques. Dans son ouvrage, La femme à la fenêtre. Maurice Émond n'hésite pas à dénombrer les facettes plurielles du regard puisées dans Kamouraska, d'Anne Hébert. Le critique définit le regard tout en respectant le contexte narratif de l'action des personnages romanesques. Aussi tient-il compte de l'impact de leur caractère et de leur comportement sur leur propre regard. […] Selon Jean-Paul Sartre, le regard de l'autre représente une menace inévitable pour le je. qui regarde. De ce fait, le moi se sent figé, médusé et incapable de résister à ce regard pénétrant. Par conséquent, il est à la portée du regard de l'autre qui l'aliène à sa guise. À son tour, Jean Starobinski souligne que «l'acte du regard comporte un élan persévérant, une reprise obstinée, comme s'il était animé par l'espoir d'accroître sa découverte ou de reconquérir ce qui est en train de lui échapper.» Gaston Bachelard, pour sa part, précise que «dans une exaltation du bonheur de voir la beauté du monde, le rêveur croit qu'entre lui et le monde, il y a un échange de regards [...] Tout ce que je regarde me regarde. » Les diverses théories du regard, interprétées différemment selon chaque critique littéraire, comportent le reflet d'une subjectivité. Maurice Émond fait remarquer la signification plurielle du terme "regard" qui dépend, comme nous l'avons déjà souligné, des critères internes (psychologiques) et externes (familial et social) relatifs au caractère et au comportement des personnages romanesques. [...]